Un colloque national a été organisé, les 2 et 3 mai, par la faculté des lettres et des langues de l'université de Béjaïa, en hommage à l'académicienne Assia Djebar. Organisée par la faculté des lettres et des langues de l'université de Béjaïa, la manifestation, intitulée "Assia Djebar : une femme, une écrivaine, plusieurs voix", a permis au public de découvrir l'auteure de Loin de Médine, qui ne s'est pas cantonnée à un seul domaine. Elle était une scientifique, une historienne notamment, mais aussi une écrivaine prolifique, qui avait fait du cinéma et écrit pour le théâtre. Quelque 20 conférenciers de diverses universités du pays ont démontré, en effet, durant ces deux journées, qu'Assia Djebar était plurielle et que l'on ne pouvait pas seulement la cantonner à un seul domaine, bien que ses écrits aient marqué profondément la littérature algérienne et maghrébine, voire même de tous les pays, notamment du Sud. Les amateurs de la littérature ne peuvent ignorer qu'il existe au Maghreb une génération d'écrivaines de langue française particulièrement douées et qui, enfin, accèdent à la notoriété. On pense à Leila Slimani, récipiendaire en 2016 du prix Goncourt, à Fawzia Zouari, prix des Cinq continents de la francophonie, à Maïssa Bey dont le roman Hizya avait été sélectionné en 2015 pour le prix Femina, à Nina Bouraoui, prix Renaudot en 2005, etc. C'est donc grâce à ces pionnières de la littérature féminine d'expression française, à leur tête Assia Djebar, que cette nouvelle génération a pu émerger, sachant notamment que leurs aînées avaient été historiquement et culturellement exclues de la parole dans la société traditionnelle. Cependant, le combat n'est jamais définitivement achevé. En raison notamment de la résurgence du discours religieux dans l'espace public. C'est donc en ce sens qu'il est important de convoquer Assia Djebar aujourd'hui et demain. Pour Dr Souhila Ourtilane-Ramdane, organisatrice du colloque, Assia Djebar est une écrivaine d'envergure mondiale, dont l'œuvre a été l'objet de nombreux travaux en Algérie, mais aussi dans tout le Maghreb. La richesse thématique et la dimension humaine profonde de son œuvre expliquent les motivations ayant présidé au choix de lui consacrer ce colloque, tout en faisant ressortir son influence sur le mouvement féministe, et de son écriture sur les nouveaux écrivains, quelle que soit leur langue d'expression. Même si elle n'avait jamais été une féministe, organique, ses textes reflètent leur confrontation à la condition des femmes en Algérie, dans le Maghreb et en terre d'islam, soumises au joug de l'autorité patriarcale. On omet aussi souvent de signaler son passé d'engagée politique, voire de combattante. N'a-t-elle pas suivi, en 1956, le mot d'ordre de grève de l'UGEMA (Union générale des étudiants musulmans algériens) et refusé de passer ses examens ? Ceci lui a valu d'être exclue de l'école de la rue de Sèvres. C'est à cette occasion qu'elle avait écrit son premier roman, La Soif, et adopté un nom de plume, Assia Djebar, pour ne pas heurter sa famille. Et c'est le général de Gaulle, en personne, qui avait demandé sa réintégration dans l'Ecole en 1959 en raison de son talent littéraire. M. Ouyougoute