Ali Feraoun, fils de l'écrivain et président de la Fondation Mouloud-Feraoun, a été, samedi dernier, l'invité du café littéraire de l'association Awal Isawal de la commune de Melbou, à quelque 30 km à l'est de Béjaïa. Il a animé une conférence-débat sous le thème "L'aventure du fils du pauvre". Durant presque deux heures, et devant un parterre d'amoureux de la littérature en général et de Mouloud Feraoun en particulier, le président de la Fondation a eu à donner les clés à même d'appréhender l'œuvre de son père, notamment, Le fils du pauvre. Un livre, qui peut paraître pour certains facile d'accès alors qu'il n'en est rien au fond. "Dans cette œuvre, Feraoun a tenté d'individualiser l'homme et la femme kabyle, car, à cette époque, les Français les regardaient comme une masse et non comme des individus avec des âmes, des sentiments, et des figures", a indiqué Ali Feraoun. Dans son intervention, il a surtout tenté de mettre un terme à quelques contre-vérités, propagées par certains et dont le dessein était de nuire au personnage de Mouloud Feraoun. "Non ! Mouloud Feraoun n'était ni un assimilé ni un assimilationniste !", a-t-il soutenu. D'ailleurs, Feraoun, en réponse à Camus, avait écrit à ce sujet : "Les assimilationnistes sont des utopistes. Ils croient pouvoir vous ressembler en arborant le costume et la cravate dans un pays où il n'y avait que la chéchia et la gandoura." Tout comme il a mis l'accent sur la relation, qui existait entre Mouloud Feraoun et Emmanuel Roblès. Il a affirmé que cette relation qualifiée de grande amitié par quelques-uns n'en était pas une. "Roblès n'aimait pas Feraoun. Roblès a odieusement censuré l'œuvre de Mouloud Feraoun en étant fondateur et responsable de la collection Méditerranée aux éditions du Seuil." Mais, durant cette intervention, il n'a pas omis de parler de la relation privilégiée entre Mouloud Feraoun et Mouloud Mammeri. Le conférencier a, entre autres, évoqué la trajectoire politique et d'engagement de l'auteur en faveur de son peuple et du mouvement de libération, malgré les médisances et les manipulations d'un certain groupe dévoyé. À noter que durant cette conférence-débat, les échanges ont été fructueux. Les interventions étaient à la hauteur du sujet. Beaucoup ont émis des interrogations intéressantes, notamment, sur les raisons qui avaient poussé Mouloud Feraoun à laisser la Kabylie pour aller travailler à Alger. À cette question, Ali Feraoun avait précisé que suite à la grève de février 1958, Feraoun s'était senti menacé et avait préféré se déplacer sur Alger où il bénéficierait d'un plus grand anonymat. À signaler qu'à l'issue de cette conférence, Ali Feraoun s'est vu symboliquement récompensé par les membres de cette dynamique association. S. Mohamadi