Les Tunisiens ont commencé à voter sans enthousiasme, hier, pour les premières élections municipales depuis la révolution de 2011, qui avait renversé le régime de Zine Al-Abidine Ben Ali. C'est l'impression qui se dégageait à la lumière des premières estimations de l'instance chargée des élections (Isie), qui indiquaient que le taux de participation à 10h00 ne dépassait pas les 4,5%. Une forte abstention est ainsi pressentie, alors que ce scrutin est jugé crucial pour enraciner au niveau local le processus démocratique dans ce pays. Dans cet ordre d'idées, le président de la République Béji Caïd Essebsi a indiqué, hier, à l'agence de presse tunisienne TAP que "la tenue des premières élections municipales après la révolution se présente comme un véritable phare de la démocratie. La Tunisie a choisi la voie électorale pour consacrer cette orientation comme elle a choisi d'emprunter la voie des urnes comme mode de gouvernance", a-t-il affirmé, tout en soulignant qu'il s'agit d'une orientation irréversible. "Les élections municipales sont un message, non seulement pour les Tunisiens, mais pour le monde entier, selon lequel la Tunisie est en bonne voie pour consacrer la démocratie comme une pratique régulière, pas un slogan", a ajouté Béji Caïd Essebsi. Il y a lieu de signaler que le président de l'Instance supérieure indépendante pour les élections, Mohamed Tlili Mansri, a indiqué que le ministre tunisien de l'Intérieur n'a pas pu voter parce que son nom figure sur la liste des sécuritaires. Quant à l'issue de ces élections, des experts estiment que les deux poids lourds de la vie politique, Ennahdha et Nidaa Tounès, qui sont les seuls à avoir présenté des listes dans toutes les municipalités ou presque, pourraient rafler la mise. "Les résultats seront proclamés dans un délai ne dépassant le 9 ou le 13 mai après examen des recours", a indiqué l'ISIE. Une première dans l'histoire de la Tunisie, les membres des forces de sécurité et de l'armée avaient voté par anticipation le 29 avril dernier. Quelque 60 000 policiers et militaires ont été mobilisés : la Tunisie demeure sous état d'urgence depuis une série d'attentats terroristes meurtriers en 2017. À noter que la tenue d'élections municipales, cette année, a nécessité la promulgation préalable de lois, dont un texte portant généralisation des municipalités sur toute l'étendue du territoire national, comme le prescrit la Constitution, de même que la fixation des compétences et budgets des Conseils régionaux et locaux. Ce scrutin sera suivi de législatives et d'une présidentielle en 2019. Merzak T./Agences