Les Tunisiens ont commencé à voter dimanche pour les premières élections municipales depuis plus de 7 ans, un scrutin jugé crucial pour parachever l'édification démocratique entamée en 2011, en Tunisie et devra aboutir à l'installation des institutions locales pérennes à la place des délégations provisoires installées au lendemain du changement politique de 2011. Repoussées à quatre reprises en raison des problèmes techniques et logistiques et du retard dans l'adoption de la loi électorale, cette consultation devra aboutir à l'installation des institutions locales pérennes, dans le cadre de la décentralisation et la gouvernance participative des collectivités locales inscrites dans la Constitution adoptée en 2014 qui a consacré un chapitre entier, le chapitre VII au pouvoir local. Les électeurs, au nombre de 5 369 892, devront élire pour un mandat de cinq ans, leurs représentants dans 350 circonscriptions municipales et 24 conseils régionaux, répartis sur l'ensemble du pays, selon l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE). Par rapport aux élections législatives et présidentielles de 2014, le scrutin municipal de 2018 se distingue par le nombre important de circonscriptions et de listes candidates. Plus de 57 000 candidats sont en lice, dont la moitié de femmes et de jeunes. Sur les 2 074 listes en course, 1 055 sont issues de partis, 860 indépendantes et 159 de coalition, selon les données de l'ISIE. Pour des experts, les deux poids lourds de la vie politique, Ennahdha et Nidaa Tounès, qui sont les seuls à avoir présenté des listes dans toutes les municipalités ou presque, pourraient rafler la mise. Les résultats seront proclamés dans un délai ne dépassant le 9 mai ou le 13 mai après examen des recours, a indiqué l'ISIE. Une première dans l'histoire de la Tunisie, les membres des forces de sécurités et de l'armée avaient voté par anticipation le 29 avril dernier. Quelque 60 000 policiers et militaires ont été mobilisés: la Tunisie demeure sous état d'urgence depuis une série d'attentats terroristes meurtriers en 2015. Après la révolution qui a conduit à l'éviction de l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011, les municipalités tunisiennes ont été dissoutes et remplacées par des «délégations spéciales» chargées de gérer les affaires courantes. Ces dernières, qui sont très critiquées pour leur manque d'efficacité, sont toujours en place à ce jour. Un travail législatif acharné et une large campagne de concertations La tenue d'élections municipales cette année a nécessité la promulgation préalable de lois, dont un texte portant généralisation des municipalités sur toute l'étendue du territoire national, comme le prescrit la Constitution, de même que la fixation des compétences et budgets des Conseils régionaux et locaux. Le pays est désormais doté d'un Code des collectivités locales, voté in extremis fin avril, qui en fait pour la première fois des entités administrées librement et fortes d'un début d'autonomie. Attendues depuis plus de sept ans, ces élections ont fait également l'objet d'une large campagne de concertations entre l'instance électorale et les différentes forces politiques du pays, en plus des partenaires sociaux et la société civile. Les concertations, une initiative du président Béji Caïd Essebsi, avaient abouti à la signature d'un document de synthèse qui définit les priorités du gouvernement d'union nationale. Signé en juillet 2016 par les parties prenantes aux concertations engagées en Tunisie, le document de Carthage est un document de synthèse définissant les priorités du gouvernement d'union nationale, à savoir, lutter contre le terrorisme et la corruption, impulser le développement et l'emploi des jeunes, réaliser la réforme de l'administration et instaurer la politiques de la ville et des collectivités locales. Il est censé servir de feuille de route pour le gouvernement d'union nationale, dirigé actuellement par Youssef Chahed, et la fixation de ses priorités. La Tunisie qui fait figure de modèle de transition démocratique réussie depuis la révolution de janvier 2011, a organisé deux scrutins législatifs. Le premier, en 2011, remporté par le parti de Rached Ghanouchi Ennahdha et le second, en 2014, a vu la victoire du parti du président de la République, Nidaa Tounes, tandis que les dernières élections municipales ont eu lieu en 2010. Ce scrutin doit permettre de voir émerger une nouvelle génération d'élus. Il sera suivi de législatives et d'une présidentielle en 2019.