Alors que le nombre de candidats à la magistrature suprême a dépassé le millier, des dissidents lancent des appels au boycott de l'élection, prévue le 17 juin prochain. Ils sont six cents dissidents et autres activistes, opposés au pouvoir des mollahs, à demander au peuple iranien de ne pas se rendre aux urnes, parce que le vote accorderait “un semblant de légitimité au pouvoir”. Dans une déclaration mise en ligne sur Internet, les signataires affirment que “participer massivement à une élection, qui n'aboutit pas à la démocratie, ne fait que conférer un semblant de légitimité au pouvoir”. Les auteurs de la déclaration ajoutent : “Des élections libres requièrent la liberté de choix d'opinion, de rassemblement, la liberté des partis politiques et l'absence de prisonniers politiques (...) Sinon, toute élection est en réalité une nomination qui réduit le rôle du président à celui de simple exécutant.” Parmi les signatures, on retrouve d'anciens membres du Parlement, dont le Kurde Bahaeddine Adab, Mme Fatemeh Haghighat-Jou et Ali Akbar Moussavi Khoini. Les avocats, Mohammad Seifzadeh, Abdolfatah Soltani et Nasser Zarafshan, actuellement emprisonnés, figurent également parmi les signataires. La principale raison motivant cet appel est le rôle du Conseil des gardiens qui se charge de faire le choix des candidats. En effet, le Conseil des gardiens, organe ultraconservateur non-élu, valide ou censure les candidatures aux élections selon les compétences présumées des concurrents et leur fidélité aux principes de l'islam et de la Révolution. D'ailleurs, les éliminations auxquelles il a procédé, en 2004, à l'occasion des élections législatives, ont provoqué l'une des plus graves crises politiques sous la République islamique et préparé la victoire des conservateurs. Cela avait donné lieu à de nombreux appels au boycott, qui avaient alors fait peser l'incertitude sur la tenue des législatives à la date prévue. On rappellera que le scrutin avait bien eu lieu le 20 février, mais avait accusé le plus faible taux de participation de l'histoire de la République islamique à une consultation majeure : 50,57%, selon le chiffre du ministère de l'Intérieur, contesté par le Conseil des gardiens. Ceci étant, les personnalités ayant appelé au boycott doivent s'attendre à des poursuites, parce que nombreux ont été ceux qui avaient adopté cette attitude lors du scrutin législatif de février 2004 à devoir s'expliquer devant la justice. En attendant, le Conseil des gardiens a entamé, dimanche, l'examen des 1 014 candidatures déposées pour la magistrature suprême. Le candidat réformateur le mieux placé dans les sondages, Mostapha Moïn, n'a pratiquement aucune chance de voir sa candidature retenue par le Conseil, selon les observateurs, tout comme le dissident Ebrahim Yazdi. K. A.