Le programme des énergies renouvelables semble avoir donné une certaine lisibilité à des investisseurs algériens pour se lancer dans l'industrie photovoltaïque. Selon M. Boukhalfa Yaïci, président du Cluster Energie Solaire, avant fin 2018, l'Algérie aura une capacité de production de 510 MW en matière d'encapsulation des modules photovoltaïques. 190 MW sont déjà opérationnels et 320 MW de capacité sont en construction. M. Boukhalfa Yaïci cite notamment les entreprises Condors Electronics (430 MW), Aures Solaire (30 MW), ENIE (18 MW) et ALPV (12 MW) qui sont opérationnelles, alors que Zergoun Brothers (160 MW), Milttech (80 MW) et Innova Solar (80 MW) sont en construction. Dans la chaîne de valeur du photovoltaïque, en matière de structure, d'autres acteurs se positionnent, à l'image de Strugal Algérie, MFG et Africaver dans le verre ainsi que l'Enie dans la jonction box. M. Yaïci a estimé que la partie aval de la chaîne de valeur du photovoltaïque "est plus au moins couverte par les acteurs". Le président du Cluster Energie Solaire évoque des similitudes avec l'Inde qui s'est lancée dans un vaste effort de développement des énergies renouvelables. M. Yaïci précise que l'industrie algérienne du photovoltaïque, naissante, a besoin d'être soutenue. Les capacités nationales dans l'assemblage des modules photovoltaïques doivent être exploitées dans le cadre du programme des énergies renouvelables, notamment dans sa partie solaire photovoltaïque. Dans les 10 recommandations, élaborées à l'occasion de la conférence sur les énergies renouvelables organisée au début de l'année, le Club Energia a proposé d'instituer un bonus sur le KWHR indexé aux intrants fabriqués localement. L'Inde peut être un bon exemple dont pourraient s'inspirer les autorités algériennes. Les experts estiment que les coûts de production de l'électricité solaire ne sont plus un obstacle. Le prix du KWh a considérablement baissé, pour être, aujourd'hui, concurrentiel par rapport aux autres formes d'énergie. Le seul obstacle qui pourrait se poser pour l'Algérie est celui du financement. Si, pour les petits programmes, la question du financement pourrait être gérée, pour les 22 000 MW, le recours aux financements extérieurs est inévitable. Or, le gouvernement exclut, du moins aujourd'hui, le recours à l'endettement extérieur. Pour le président du Conseil national de concertation pour le développement des PME (CNCD-PME), Salah Eddine Abdessemed, le financement est un élément qui boosterait le programme ou le ralentirait. "Si nous considérons que nous avons une véritable ambition d'aller sur les 22 GW, la partie financement devient incontournable", a-t-il estimé. M. Adel Baba-Aïssa, directeur de Renewable Energy Partner, a indiqué que l'Algérie peut bénéficier de plusieurs leviers de financements, suggérant également de s'inspirer de l'expérience marocaine qui a créé une agence (Masen) qui pilote le programme marocain des énergies renouvelables. Meziane Rabhi