Entre 1966 et 1972, une lettre ordinaire mettait exactement trois jours entre Paris et l'ensemble des communes de l'ancienne sous-préfecture d'Azazga. La même lettre mettait le même nombre de jours entre l'ex-RDA (République démocratique allemande), l'Angleterre, le Maroc et la Tunisie et la wilaya de Tizi Ouzou. Aujourd'hui, avec des moyens sophistiqués du traitement du courrier, son transport rapide par voie aérienne ou terrestre, il met paradoxalement plus de temps pour parvenir à destination. À titre d'exemple, une lettre a mis 17 jours entre Tizi Ouzou et Azazga (37 km), 16 jours entre le chef-lieu de wilaya et Aïn El-Hammam (50 km environ). Une autre, postée de Marseille (France), parviendra à son destinataire à Bouzeguène 28 jours après (cachet de la poste faisant foi). Globalement, entre l'Europe et l'Algérie, la durée d'acheminement d'une lettre varie entre 15 et 30 jours. Mais ce qui suscite un peu plus l'étonnement des nombreux correspondants par ce "vieux" mode de communication encore vivace à l'heure de l'Internet, c'est qu'il est beaucoup plus rapide chez nos voisins d'Afrique noire. Pour exemple, cette lettre, postée de Lille (France), "a mis" 48 heures seulement pour parvenir à son destinataire au… Burkina Faso ! Si ces retards sont parfois très dommageables (examens manqués, contrôles médicaux ratés, papiers, dossiers et photographies égarés), que dire des lettres qui ne parviennent jamais à destination ? Il faut ajouter que d'autres retards se greffent encore entre la poste et le destinataire. Ainsi, en l'absence de facteur entre le bureau de poste et les villages, le courrier est confié souvent aux porteurs. Ce sont des citoyens qui viennent récupérer le paquet de lettres ficelées et déposées chez le commerçant du village, à la mosquée ou au kiosque multiservices. Si par hasard un destinataire d'une lettre omet de rendre visite à ces points de chute, son courrier risque d'y séjourner longtemps encore. À ce rythme, on s'achemine inéluctablement vers la disparition du métier de facteur, car avec les moyens de communications qui existent en ce moment – Internet, téléphone, fax – les gens ont de moins en moins recours à la plume et les mandats-cartes se font de plus en plus rares. Aussi, avec les dernières augmentations tarifaires d'Algérie Poste – de 200% pour les timbres-postes du courrier local et maghrébins – il est moins onéreux de "téléphoner" directement ses vœux de bonne année. C. N. Oukaci