L'attitude belliqueuse de Donald Trump menace de saper les efforts du rapprochement intercoréen qui a connu, hier, un coup de frein après la décision de Pyongyang d'annuler sa participation à une réunion de haut niveau avec Séoul. Le dirigeant nord-coréen Kim Jung-un a menacé, hier, d'annuler le sommet prévu en juin avec son homologue américain Donald Trump, en réponse aux pressions persistantes de Washington sur Pyongyang concernant son programme nucléaire, a rapporté l'agence de presse officielle KCNA. "Si les Etats-Unis tentent de nous mettre au pied du mur pour nous forcer à un renoncement nucléaire unilatéral, nous ne serions plus intéressés par un tel dialogue", a déclaré le ministre adjoint des Affaires étrangères Kim Kye Gwan, cité par l'agence officielle KCNA. Dans ce cas, a-t-il ajouté, Pyongyang "reconsidérerait" sa participation au sommet entre son dirigeant et le président américain prévu le 12 juin à Singapour. "Pyongyang a clairement dit à maintes reprises que la condition préalable à la dénucléarisation est de mettre fin à la politique hostile envers la Corée du Nord, aux menaces nucléaires et au chantage des Etats-Unis", a poursuivi le ministre nord-coréen, ajoutant qu'il s'agit "d'une tentative sinistre d'imposer à notre digne Etat le destin de la Libye et de l'Irak". Et d'insister : "Je ne peux réprimer mon indignation (...) et douter de la sincérité des Etats-Unis, dont la politique étrangère adoptée par Donald Trump bouleverse tous les équilibres géopolitiques et menace même la paix mondiale." Pyongyang a également annulé une rencontre de haut niveau avec la Corée du Sud pour protester contre des exercices militaires annuels en cours entre Séoul et Washington, qualifiés de "provocation". "Ces manœuvres qui ont débuté le 14 mai se poursuivent d'ailleurs malgré les protestations de Pyongyang et prendront fin le 25 mai", a assuré le ministère sud-coréen de la Défense, estimant qu'il s'agissait d'exercices de routine, a rapporté l'agence officielle Yonhap. "Les manœuvres se poursuivront conformément au plan, la Corée du Sud et les Etats-Unis n'ont pas de divergence à cet égard", a indiqué le ministère dans un communiqué cité par l'agence Yonhap. "Nous n'avons jamais attendu l'aide américaine pour mener notre construction économique, et nous ne conclurons jamais un tel accord à l'avenir." Ces dernières semaines, outre un sommet rarissime avec le président sud-coréen Moon Jae-in dans la Zone démilitarisée (DMZ) qui divise la péninsule, Kim Jong-un a rencontré deux fois le président chinois Xi Jinping et annoncé qu'il détruirait la semaine prochaine son site d'essais nucléaires. Hier, la Chine a appelé la Corée du Nord et les Etats-Unis à créer des conditions favorables à la rencontre entre leurs dirigeants et à déployer des efforts actifs pour parvenir à la dénucléarisation et à une paix durable sur la péninsule coréenne. "La situation sur la péninsule coréenne avance vers le dialogue et tend à s'améliorer. Cette situation durement acquise est dans l'intérêt commun de toutes les parties et correspond aux attentes de la communauté internationale", a déclaré Lu Kang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. "Dans un contexte d'opportunités importantes, en vue d'une solution politique pour la péninsule, les parties concernées, en particulier la Corée du Nord et les Etats-Unis, doivent œuvrer ensemble et manifester leur bonne volonté et leur sincérité afin de créer des conditions favorables à la rencontre entre leurs dirigeants", a-t-il indiqué. Lyès Menacer