La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a lancé, de nouveau, un appel au président de la République pour ordonner au gouvernement de "respecter" la Constitution à travers la garantie du droit aux manifestations publiques pour permette au peuple algérien d'exprimer son soutien et sa solidarité avec le peuple palestinien. "C'est la moindre des choses qu'on puisse faire malgré nos problèmes internes qui doivent trouver des solutions, par ailleurs", a répété, hier, Louisa Hanoune lors d'une conférence de presse animée au siège du parti à Alger. "Aujourd'hui, nous traversons une conjoncture très difficile liée à la situation en Palestine et qui nous concerne de plus près. Nous devons oublier nos problèmes internes pour nous solidariser avec les causes justes". "Soutenir la Palestine, la Syrie et l'Iran, c'est notre défense à nous. Mais le silence signifie complicité et cela ne nous protège pas. On devient une proie", estime-t-elle. Selon elle, l'argument sécuritaire, souvent invoqué par les autorités pour justifier le refus d'organisation des manifestations publiques, devient caduc dès lors que l'état-major de l'armée et les services de sécurité soutiennent qu'ils maîtrisent la situation. "Et c'est vrai !", se réjouit-elle. "Le prétexte sécuritaire est irrecevable", dit-elle. "On demande le respect des dispositions de la Constitution relatives au droit à manifester. On veut faire entendre notre voix. On doit exprimer notre position. On n'a pas peur et on n'est pas seuls sur le globe", martèle-t-elle. Comme nombre d'observateurs de la scène politique nationale, Louisa Hanoune n'a pas manqué d'observer l'absence d'une "condamnation franche", par les autorités algériennes de la décision de l'administration américaine de transférer le siège de son ambassade à Al-Qods. Autant dans le message du président de la République que dans le communiqué du ministère des affaires étrangères. "Nous avons relevé qu'il n'y a pas de condamnation claire, surtout dans le communiqué du MAE. Nous aurions préféré que la position soit claire (...). On peut parler de position tactique, mais on veut que la position soit franche". Aussi, n'hésite-t-elle pas à épingler Ahmed Ouyahia lorsqu'à la mi-avril il avait exprimé les "regrets de l'Algérie", après les frappes américaines contre la Syrie. "C'est honteux !" "Alger doit geler sa participation à la Ligue arabe" Louisa Hanoune, qui relève que ces derniers temps Alger "suit l'Arabie saoudite", a réclamé le "gel" de la qualité de membre de l'Algérie au sein de la Ligue arabe. "On ne peut pas s'assoir avec les traîtres. Qu'elle prenne ses distances avec la Ligue pour souligner qu'on n'est pas d'accord avec l'Arabie saoudite". Instruite du rôle prépondérant du royaume wahhabite au sein de la Ligue arabe, la secrétaire générale du PT souligne la difficulté des représentants algériens au sein de cette entité pour faire entendre leur voix. "Pour ne pas quitter le cadre, des fois, ils se contentent de s'abstenir". Mais cette attitude, suggère-t-elle encore, traduit la régression de notre politique étrangère. "Plus généralement, notre politique étrangère est en train de régresser". Interrogée pour savoir si le fait pour les autorités, via les partis qui leur sont inféodés, d'organiser une manifestation de solidarité, comme récemment à la Coupole, n'est pas de nature à creuser davantage le fossé avec la population, Louisa Hanoune soutient que "l'Etat n'a pas renié ses principes et que le soutien à la Palestine constitue l'identité officielle de l'Etat". "Mais à partir du moment qu'il y a interdiction des marches, cela creuse le fossé." "La position algérienne est fragilisée par la fragilité interne", souligne-t-elle par ailleurs, avant de soutenir qu'"on ne doit pas conditionner le soutien au règlement des questions internes". Karim Kebir