L'amélioration de la situation financière ne sera profitable que si l'Etat contrôle ses dépenses. Les prix du pétrole ont dépassé, pour la première fois depuis 2014, la barre des 80 dollars. Les cours du baril Brent de mer du Nord se situent aujourd'hui à plus de 78 dollars, soit une augmentation de plus de 18% par rapport à janvier de l'année en cours et plus de 50% en un an. Cette hausse des cours du pétrole a eu un impact sur l'économie nationale. Les premiers signes de l'amélioration relative de la situation financière du pays sont déjà visibles. Les exportations de l'Algérie, au cours du premier trimestre 2017, ont atteint 10,76 milliards de dollars, contre 8,93 milliards de dollars au cours de la même période de 2017, soit une hausse de 20%. Le déficit commercial s'est fortement réduit – à 490 millions de dollars au cours du premier trimestre 2018, contre 2,98 milliards de dollars au cours des trois premiers mois de 2017. À ce rythme, le déficit de la balance commerciale se situera à près de 2 milliards de dollars en 2018, ce qui est relativement modeste par rapport aux 11,1 milliards de dollars enregistrés en 2017 et 17 milliards de dollars en 2016. Si les prix du pétrole se maintiennent à ce niveau, voire dépassent la barre des 80 ou des 100 dollars, ce que n'excluent pas certains patrons des multinationales pétrolières, des économistes estiment que l'Algérie pourrait s'acheminer vers le rétablissement de ses équilibres économiques plus tôt que prévu, c'est-à-dire en 2019. En d'autres termes, l'Algérie s'acheminerait vers la fin des déficits, soit un solde positif de la balance commerciale et surtout de la balance des paiements. Cela signifie la fin du recours à la planche à billets. Mais pour combien de temps ? Car il y a risque d'y recourir à nouveau si le prix du baril venait à chuter. "Mais bon, si on doit de nouveau l'utiliser (planche à billets, ndlr) l'année qui suit parce que les prix du pétrole auront baissé. Il faut s'inscrire dans la durée, ne plus faire dépendre l'économie nationale d'un produit dont le prix reste très volatil. N'oublions pas que dans les dix prochaines années, les quantités de pétrole à exporter vont diminuer", avertit le professeur Cherif Belmihoub, économiste. Cela dit, l'amélioration de la situation financière, dans le cas d'un baril à 70-80 dollars, ne sera profitable que si l'Etat contrôle ses dépenses. "Avec la gouvernance qu'on connaît depuis 2000, même un baril à 100 dollars ne suffira pas à faire décoller l'économie nationale et améliorer les conditions de vie de la population", a confié un ancien haut fonctionnaire de l'Etat. Il faut se rappeler en effet que pendant que les cours du pétrole atteignaient les 100 dollars à la fin des années 2000, les gouvernements de l'époque se sont engagés dans une politique hyperdépensière qui est en partie à l'origine de la crise financière qui a affecté l'Algérie avec la chute des prix du pétrole à partir de juin 2014. Les centaines de milliards de dollars accumulés depuis 2000 n'ont pas permis de diversifier l'économie, de créer en particulier une véritable industrie de substitution aux importations et donc d'éviter le manque de ressources financières ressenti actuellement. Aujourd'hui, le gouvernement Ouyahia, qui recourt à la planche à billets et à une loi de finances complémentaire 2018 qui prévoit de nouvelles dépenses pour financer des projets pas budgétisés, ne se départit pas de cette tendance dépensière. K. Remouche