"Malgré toutes les mesures prises par le gouvernement, la facture d'importation de biens n'a pas baissé continuant substantiellement à puiser dans les réserves de change avec une sortie importante de devises des services. Il ne faut pas se faire d'illusion, le taux de croissance de 3,3% réalisé en 2016 a été tiré par les hydrocarbures et la réduction du déficit de la balance commerciale pour les sept premiers mois de 2017 est due, essentiellement, à la remontée du cours du pétrole". C'est ce que révèle le Pr Abderrahmane Mebtoul, dans une analyse sur la facture des importations, statistiques avancées par l'ONS. Au rythme des indicateurs financiers des sept premiers mois de 2017, estime-t-il, en toute hypothèse, les sorties de devises sans compter les transferts légaux de capitaux, clôtureraient fin 2017 à près de 46 milliards de dollars (pour les biens) et entre 8 et 10 milliards de dollars (services). Ce qui situerait le total des transferts entre 53 et 56 milliards de dollars et tendant vers 60 milliards de dollars avec les sorties légaux de capitaux. Ce montant de sorties de devises correspond pour l'équilibre, souligne-t-il, à un baril de pétrole variant entre 85 et 88 dollars pour éviter des tensions au niveau de la balance des paiements. Or, "face à cette situation qui prélude d'importantes tensions budgétaires durant la période allant de 2017 à 2020, il ne faut plus se faire d'illusion d'un cours supérieur à 80 dollars. Le FM le confirme puisque ses estimations situent le cours du baril entre 50 et 55 dollars à prix constants entre 2017 à 2020, sous réserve d'une discipline des accords Opep/non-Opep", indique l'économiste. Pour lui, l'Algérie a besoin, en urgence, de profondes réformes structurelles afin de s'engager le pays dans une nouvelle orientation de la politique socio-économique permettant de dynamiser les sections hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales. "Faute de quoi, le retour au FMI est inéluctable vers 2019/2020 avec un épuisement progressif des réserves de change", avertit le professeur des universités. Comment, dès lors, observe-t-il, financer, sans endettement extérieur, pour les seuls projets productifs selon leurs programmes rendus publics entre 2017/2022, les 50 milliards de dollars de Sonelgaz, les 100 milliards de dollars sur les dix prochaines années, (en déficit structurel) et les 100 milliards de dollars de Sonatrach, (seule société présentant des garanties), soit 30 milliards de dollar/an, sans compter les autres secteurs ? Difficile, d'autant plus que les recettes de Sonatrach fluctueront entre 30 et 32 milliards de dollars/an (hypothèse d'un cours entre 50 et 55 dollars) et des réserves de change établies à 100 milliards de dollars en juillet 2017. Par ailleurs, relève l'expert, les recettes en devises en 2017, après plus de cinquante années d‘indépendance politique, proviennent directement et indirectement pour plus de 97% des hydrocarbures qui conditionnent l'évolution des réserves de change, le rythme de la dépense publique et par là, le taux de croissance, la valeur du dinar, le taux d'inflation et le taux de l'emploi. C'est dire que notre pays n'arrive plus à s'affranchir du giron du pétrole. Le Pr Mebtoul avoue, toutefois, que l'Algérie peut faire face à cette crise pour peu que le développement durable auquel elle aspire ait comme fondement une bonne gouvernance et une revalorisation du savoir. B. K.