Les établissements scolaires commencent à se vider, alors que les vacances sont fixées au 30 juin. Après les grèves, la question de la "aâtaba" (seuil) et de la réforme du baccalauréat, le secteur de l'éducation nationale est en proie actuellement à une nouvelle polémique mettant aux prises le département de Nouria Benghabrit avec ses partenaires sociaux. Une polémique qui s'annonce fort grande autour de la fin de l'année scolaire. Une instruction ministérielle fait obligation aux chefs d'établissement de maintenir en classe les élèves jusqu'au 30 juin, quitte à les occuper avec des programmes ludiques pour ceux qui ont terminé les programmes pédagogiques. La ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, a adressé, dans ce sens, à l'ensemble des directeurs de l'éducation, un calendrier à respecter par l'ensemble des établissements scolaires, en rappelant que l'année scolaire débute en septembre et se termine en juin, en vertu des lois régissant le secteur, notamment la loi d'orientation de l'éducation nationale. Aussi, les chefs d'établissement ont été instruits de prévoir tout un programme d'activités culturelles et sportives jusqu'à fin juin, en associant les élèves par exemple à des spectacles de théâtre en raison de son rôle dans le perfectionnement de l'expression et de la langue, ainsi que d'autres jeux ludiques. Et pour confirmer le caractère obligatoire de cette décision, les chefs d'établissement ont été instruits de consigner toute absence des élèves et des enseignants, et ont été avertis que tout manquement à cette instruction sera passible de sanctions disciplinaires. Ce qui a été le cas pour trois directeurs qui ont fait l'objet de suspension, parmi eux le directeur du lycée El-Hamadia à Béjaïa, qui a été suspendu pour avoir programmé les examens du baccalauréat blanc avant la date prévue officiellement. "Les contrevenants à l'instruction ministérielle seront présentés devant le conseil de discipline qui prendra les sanctions requises à leur encontre, même si le programme est terminé", a annoncé l'inspecteur général du ministère de l'Education nationale, Nedjadi Messeguem. Cependant, pour les partenaires sociaux, la mise en œuvre de l'instruction susmentionnée pose problème. "Pour retenir les élèves dans les classes jusqu'à la date indiquée, soit le 30 juin, il est certes possible d'occuper les classes d'examen (5e, BEM et bac) par la correction des sujets d'examen, mais pour les autres classes, comment peut-on organiser des activités scientifiques, alors que certains établissements manquent même de citernes d'eau ?", s'interroge Boulam Amoura du Satef. Selon des échos en provenance de plusieurs wilayas, certaines écoles algériennes commencent à se vider. Les élèves ayant déjà subi les examens du dernier trimestre ne se sentent plus obligés de rejoindre les bancs des écoles, surtout que nombre de cantines sont d'ores et déjà fermées. Pour l'anecdote, le président d'un syndicat rapporte qu'à El-Oued, des élèves ont même brûlé leurs tabliers et déchiré leurs cahiers pour signifier la fin de l'année scolaire. Pour pallier la propagation de cette situation, qui a été érigée en tendance durant les deux dernières décennies, le département de l'Education nationale a engagé des inspections sur le terrain, comme nous l'a indiqué son chargé de communication, M. Kadourli. Ce dernier estime que "les chefs d'établissement n'ont aucune contrainte pour ne pas appliquer la décision du ministère et garder les élèves jusqu'au 30 juin". Surtout que, a-t-il affirmé, "ce sont moins de 40% des établissements qui servent de centres d'examen", et qu'ils disposent de tous les moyens humains et financiers pour maintenir les élèves jusqu'à la date du 30 juin. AMAR R. [email protected]