Vingt-deux années se sont écoulées depuis la mort du militant et activiste de la cause amazighe, Mohamed Haroun. En cette occasion, l'association Etoile culturelle d'Akbou, en collaboration avec les associations de la région et l'Apc, a rendu, avant-hier et hier, un vibrant hommage à ce grand militant de la cause identitaire. Le coup d'envoi a été donné par Rachid Oulebsir qui a animé une conférence-débat "sur le parcours de Mohamed Haroun et son apport incommensurable à la cause amazighe". Le moment fort a été incontestablement l'inauguration, hier, de la stèle à son l'effigie, érigée en face de l'hôpital d'Akbou, par le maire d'Akbou, Mouloud Salhi, et le président de l'APW, M'henni Haddadou, en présence de sa famille, de Nadia Matoub, de beaucoup de ses compagnons de lutte et d'une foule nombreuse. Une prise de parole a été improvisée à l'issue de l'inauguration. Tous les intervenants ont insisté sur "la reconnaissance du combat juste de Mohamed Haroun et contre l'amnésie et l'oubli". "Il s'agit d'une consécration du combat de Haroun, d'une reconnaissance populaire et d'une œuvre de conciliation des Algériens avec leur histoire et leur symbole", a déclaré le maire d'Akbou, Mouloud Salhi. Le président de l'APW, M. Haddadou, a déclaré qu'il faut "combattre l'amnésie et l'oubli. Réhabiliter Haroun, c'est réhabiliter notre identité et, à travers lui, tous les militants". "Haroun comme Matoub sont des symboles éternels. Ils ne se sont pas sacrifiés car ils aiment la vie, mais ils ont été sacrifiés. Leur combat a été honoré et la lutte doit continuer pour le parachèvement de l'œuvre des deux symboles. Ils ne regretteront rien de leur combat et ils seront fiers de vous", a déclaré Nadia Matoub. Le programme se poursuivra ce soir avec une conférence sur le thème "Le combat pour l'amazighité, de la crise berbériste à nos jours : quelles avancées et quelles perspectives ?" qui sera animée par Saïd Chemakh. Un gala artistique animé par Idheflawen, Loualia Boussad et le groupe Berbère est prévu pour la soirée de demain. L'hommage sera clôturé par la projection d'un film d'Ahmed Djenadi. Qui est Mohamed Haroun ? Il est né le 13 avril 1949, dans le village de Tifrit à Akbou (Béjaïa). Très tôt, il affiche un grand attachement aux valeurs identitaires. À l'université d'Alger où il a fait des études en sciences exactes, Mohamed Haroun affûte des armes idéologiques, allant jusqu'à créer une organisation clandestine dénommée "Les forces berbères", qui a le mérite d'éditer plusieurs revues en tamazight : Taftilt, Itij et Atmaten. Il a été arrêté le 5 janvier 1976, dans l'affaire dite des poseurs de bombes. Il a été accusé d'être l'auteur de la bombe qui a explosé au siège du quotidien d'El Moudjahid le 3 décembre 1975, et condamné par le tribunal militaire de Constantine à la prison à perpétuité. Il a été libéré le 5 mars 1987 après avoir purgé 11 ans de prison. À la sinistre prison Lambèse (Batna) où il était détenu, il a écrit deux recueils de poèmes : Avridh N Tleli et Monsieur le président ; ce dernier a été repris par Matoub Lounès dans une de ses chansons. L. OUBIRA