Outre les échecs de sa gestion de la crise catalane, qui lui valent des désagréments avec ses partenaires européens, le gouvernement espagnol est confronté en interne au vote demain de la motion de censure présentée par le PSOE suite à un scandale de corruption. Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, traverse une semaine très difficile avec le vote probablement demain de la motion de censure présentée par le parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), dans une affaire de corruption dans laquelle le Parti populaire, dont il est issu, a été condamné. Il est également acculé sur la crise en Catalogne, qui a formé un nouveau gouvernement par les indépendantistes malgré toute sa stratégie répressive. La motion de censure est la conséquence de l'affaiblissement de la formation politique de Mariano Rajoy, le Parti populaire, condamnée dans un méga-procès pour corruption pour avoir bénéficié de fonds obtenus illégalement. Pressé de démissionner par ses anciens alliés du parti libéral Ciudadanos, qui refusent de soutenir la motion du PSOE mais réclament de nouvelles élections alors qu'ils ont le vent en poupe dans les sondages, il compte défendre sa politique jusqu'au bout. Aux invectives des socialistes estimant qu'il n'avait plus de "crédibilité", le chef du gouvernement les a accusés, en retour, de "chantage". C'est dire que cette crise politique qui guette l'Espagne risque de s'inscrire dans la durée. De deux choses l'une, soit le PSOE fait adopter sa motion par les participants à un futur gouvernement incluant la gauche radicale de Podemos, les indépendantistes catalans et les nationalistes basques, soit le PP sera appuyé par Ciudadanos pour convoquer de nouvelles élections. Ceci étant, la situation est loin de s'améliorer en Catalogne, alors que Madrid n'arrive pas à convaincre ses vis-à-vis de l'UE à le soutenir davantage dans le règlement de cette crise. En effet, aux dernières nouvelles, les juridictions allemandes, belges et danoises n'ont toujours pas accédé à ses demandes d'extradition de l'ex-président de Catalogne, Carles Puigdemont, mis seulement sous contrôle judiciaire. Par ailleurs, le nouveau président catalan a formé mardi un nouveau gouvernement n'incluant plus d'indépendantistes emprisonnés ou exilés en vue de débloquer la situation face au veto de Madrid et permettre ainsi la levée de la tutelle imposée à la Catalogne. Pour rappel, Mariano Rajoy, qui avait jugé la nomination de ces "ministres" comme "une nouvelle provocation des indépendantistes catalans", avait refusé d'avaliser l'entrée en fonctions du gouvernement régional qui est la condition indispensable à la levée de la tutelle de Madrid sur la Catalogne. La constitution de ce gouvernement catalan est en fait un échec supplémentaire pour le gouvernement espagnol, appelé à trouver d'autres parades pour empêcher les dirigeants indépendantistes de Catalogne d'atteindre leurs objectifs. Merzak Tigrine