Journée décisive dans l'affrontement entre Madrid et Barcelone pour décider du sort de la Catalogne indépendantiste. Le Parlement de la Catalogne a commencé à siéger hier après-midi pour examiner notamment une résolution exhortant l'exécutif régional indépendantiste à déclencher la sécession de la région, au moment où le Sénat dans la capitale espagnole s'apprêtait à statuer sur l'activation de l'article 155 de la Constitution, qui doit permettre au gouvernement de Mariano Rajoy la mise sous tutelle de la région. «Nous déclarons la Catalogne comme Etat indépendant sous forme de République», mentionne-t-on dans le préambule de cette résolution présentée par les indépendantistes, qui ont la majorité absolue au Parlement régional. La présidente du Parlement, Carme Forcadell, procède à la lecture de la résolution de la coalition indépendantiste visant à proclamer la République catalogne, indépendante et souveraine. «La séance est ouverte», a déclaré la présidente du Parlement, avant de céder la parole à un représentant de l'opposition, Carlos Carrizosa, du groupe parlementaire Ciudadanos (Citoyens). Brandissant la résolution, celui-ci a déclaré au président Carles Puigdemont : «Ce papier que vous avez rédigé détruit ce qu'il y a de plus sacré, la coexistence en Catalogne», puis il l'a ensuite déchiré. La résolution présentée par la coalition du président de la Catalogne, Carles Puigdemont, et le parti d'extême gauche CUP a été adoptée par les parlementaires à bulletins secrets. Les séparatistes, majoritaires en sièges, étaient assurés de l'emporter. Le Parlement de la Catalogne engage un «processus constituant» pour séparer la région de l'Espagne. La résolution de la coalition indépendantiste a été adoptée avec 60 votes pour, 10 contre et 2 blancs. Les 53 autres députés du Parti socialiste (PSOE), du Parti populaire (conservateurs, PP) et de Ciudadanos (Citoyens) ont quitté l'hémicycle en signe de protestation, avant que les élus des partis indépendantistes Junts pel Si, CUP et Catalunya Si, Que Es Pot, associé à Podemos, ne commencent à déposer leurs suffrages. Après l´annonce des résultats, les séparatistes du Parlement ont chanté l'hymne indépendantiste, en l'absence de l'opposition. Dans ses attendus, la résolution demande à l'exécutif catalan de négocier sa reconnaissance à l'étranger, alors qu'aucun Etat jusqu'à maintenant n'a manifesté le moindre soutien aux indépendantistes. Cette résolution constitue «la République catalane, comme Etat indépendant et souverain, de droit, démocratique et social». Cela fait maintenant plus d'un mois que l'Espagne est tombée dans la division entre les pro et anti-indépendantistes de la Catalogne. Le gouvernement catalogne avait organisé un référendum jugé illégal par Madrid le 1er octobre 2010. En a découlé une crise politique conséquente dans la péninsule ibérique. Au moment de la session plénière, des dizaines de milliers de manifestants indépendantistes rassemblés à l'extérieur du parc abritant le Parlement catalan, ont salué par des clameurs de joie l'annonce de la proclamation d'une République catalane , ce vendredi 27 octobre 2017.
L´article 155 approuvé par le sénat En réaction à ce vote, le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, a demandé au Sénat espagnol — où le Parti populaire de Mariano détient la majorité absolue — le droit de destituer le président de la région, Carles Puigdemont. Et comme l'opposition le soutient, le vote de la suspension de l'autonomie catalogne n´est en réalité qu'une simple formalité et une étape nécessaire au gouvernement pour pouvoir administrer directement la Catalogne. Il a ensuite invité tous les Espagnols à «rester calmes» et assuré que «l'Etat de droit sera restauré en Catalogne», quelques minutes après la proclamation de l'indépendance par le Parlement régional. «L'Etat de droit restaurera la légalité en Catalogne», a également déclaré le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy. A Madrid, le Sénat débattait depuis 10h hier sur la mise en œuvre, par le gouvernement espagnol, de l'article 155 de la Constitution, actant la suspension de l'autonomie de la région. Les parlementaires ont approuvé la mise sous tutelle de la région seulement quelques minutes après les résultats du vote sur l'indépendance. La chambre haute espagnole a accédé à cette demande hier. La proposition du gouvernement est basée sur l'article 155 de la Constitution. Elle a été approuvée par 214 voix pour, 47 contre et une abstention, et sera notamment transmise au gouvernement central et à l'exécutif catalan. Un Conseil des ministres doit se tenir à la suite de cette décision du Sénat, lors duquel seront adoptées les premières mesures de mise sous tutelle de la Catalogne. Elles pourraient comprendre la destitution du gouvernement régional et la mise sous tutelle directe des forces de police catalanes par Madrid. Comment sur le terrain ces mesures seront-elles appliquées et comment les Catalans les accepteront-ils ? Certains indépendantistes ont déjà appelé à une campagne de désobéissance civile. Rappelons que la Catalogne a déjà été indépendante dans son histoire, mais pas plus de dix heures, le 6 octobre 1934, proclamait par le président du gouvernement autonome de la Catalogne, Lluis Companys.