Pour le dernier après-midi de compétition, la Croisette a accueilli le seul film maghrébin de la sélection 2005. La Marocaine Laïla Marrakchi, accompagnée de toute son équipe, a présenté son premier long métrage, Marock, dans la catégorie Un certain regard. Elle concourt également pour la Caméra d'or. Casablanca, l'année du bac. Rita, 17 ans, fait partie de la jeunesse dorée marocaine. Elle se pavane avec ses deux meilleures amies sur la terrasse de sa villa avec piscine, en attendant le grand amour. Au cours d'une fin de soirée qui tourne mal, elle tombe sous le charme de Youri, séducteur, tête brûlée, mais juif. S'engage alors un bras de fer entre la jeune fille, déterminée à aller jusqu'au bout de ses sentiments, et sa famille, musulmane pratiquante et traditionaliste. Mais, plus qu'un simple conflit autour des religions ou qu'un combat pour l'émancipation des femmes, la jeune réalisatrice (seulement 29 ans) a voulu faire découvrir toute une face cachée, celle “d'un Maroc qui va à l'encontre des clichés du cinéma arabe. C'est le Maroc des privilèges, de l'insouciance et parfois des excès”. Entre courses de voitures, fêtes quotidiennes, alcool et drogues, il y a parfois des soirs où ça dérape. Pendant 1h42, Laïla Marrakchi démontre que le retour à la réalité n'est jamais très loin. Mais, en voulant aborder un (trop ?) grand nombre de sujets, Marock évite de les approfondir et en deviendrait presque un téléfilm. Détonnant, dans une catégorie constituant un “abri pour les films étranges ou étrangers à ce que l'on voit le plus souvent”, comme l'écrit le réalisateur français Benoît Jacquot. La cinéaste marocaine, dont le film a été presque entièrement financé par des producteurs français, a toutefois le mérite, une semaine après la projection de son court métrage 200 dinars, de représenter une nouvelle vague du cinéma maghrébin qui cherche à se faire connaître. Nicolas Le Gardien et J. K.