La décision de son éviction de la tête de la barre technique des Verts devrait être annoncée après la rencontre amicale contre le Portugal. La défaite surprise et humiliante de l'équipe nationale en match amical contre une modeste formation du Cap-Vert, vendredi soir au temple du 5-Juillet, a plongé les Verts dans une crise certaine. Au-delà du résultat, c'est la manière qui a déçu le plus les Algériens, choqués par une telle déconfiture tactique, et surtout par le déficit du groupe en matière d'engagement et d'implication. Les quelques centaines de supporters présents au stade du 5-Juillet, preuve que les Verts ne mobilisent plus depuis pas mal de temps déjà, n'ont du reste pas hésité à faire entendre au coach national, Rabah Madjer, leur ras-le-bol le bal à coups de gentillesses à peine audibles. Les fans ont invité Madjer dans un langage peu chaste à plier bagage, donnant du coup raison à ceux qui au moment même de sa nomination avaient prédit sa faillite. À vrai dire Madjer n'aurait jamais dû être choisi pour un poste pour lequel il n'a ni les compétences techniques et encore moins les aptitudes managériales. Tout au long des sept mois depuis son intronisation en remplacement d'une autre erreur de casting de la FAF, l'Espagnol Lucas Alcaraz, l'homme à la talonnade historique a passé son temps à miner le jeu de l'EN au point de lui ôter son âme. Difficile de croire qu'il y a à peine quatre ans, cette même équipe algérienne tenait la dragée haute à l'ogre allemand en huitième de finale de Coupe du monde. Cependant, en dépit de ce tableau noir, Madjer refuse de démissionner. Il répète à qui veut bien l'entendre qu'il ira au bout de son contrat. "Je suis convaincu que mon projet aboutira à des résultats positifs, à savoir une qualification à la CAN 2019 et un parcours satisfaisant lors de la phase finale, prévue l'été prochain au Cameroun." Le coach national trouve même dans le navet de vendredi noir des signes de satisfaction et promet des correctifs urgents pour ne pas sombrer contre le Portugal, jeudi soir à Lisbonne. Comment une équipe incapable de résister et de produire du jeu face au Cap-Vert peut-elle raisonnablement faire bonne figure contre Ronaldo et cie ? Pis encore, Madjer dit refuser de démissionner car son départ condamnerait la sélection comme si les Verts n'avaient pas encore touché le fond avec cette mascarade contre les Capverdiens. De la fuite en avant qui ne dit pas son nom, mais qui fait courir à l'EN le risque de lendemains hypothétiques.
"Après moi, c'est le déluge !" Madjer s'en est même pris à ce public hostile qui n'a pas respecté son passé et tout ce qu'il a fait pour l'Algérie, oubliant que la talonnade légendaire n'offre aucune légitimité historique pour le métier d'entraîneur. Le slogan "Madjer dégage", entonné au 5-Juillet, est une sanction sans appel de la vox populi par rapport au travail accompli jusque-là. Le public n'est ni ingrat, ni revanchard, il est juste réaliste, même si certains ont tenté de le berner par une aura surfaite de Madjer. Au lieu de faire son mea-culpa, Madjer ramène tout à sa personne et accuse même certains cercles d'être à l'origine d'un complot. Il adopte un nihilisme qui en dit long sur son incapacité à faire face à une situation qui le dépasse. "Après moi, c'est le déluge" semble-t-il dire, feignant d'oublier que l'EN ne s'est jamais bien portée sous sa tutelle à la barre technique avec trois passages catastrophiques jusque-là à la tête des Verts. Pour tenter de convaincre l'assistance en conférence de presse d'après-match, il essaye même d'amadouer les journalistes avec des formules amicales et franchement désolantes. "Je vous en prie, aidez-moi", supplie-t-il. Reste à savoir quelle sera la réaction de la FAF ? Pressé par son bureau fédéral, le président de la FAF, Kheirredine Zetchi, avait déjà perdu confiance en ce sélectionneur bien avant cette rencontre. L'option de son limogeage a été évoquée avec des membres du BF auxquels il avait demandé de patienter. Zetchi espérait que Madjer jette lui-même le tablier, histoire de lui accorder une sortie honorable. La position intransigeante de Madjer, malgré la défaite, va sans doute pousser Zetchi à muscler son discours et choisir des solutions radicales (avec la bénédiction en haut lieu de ceux qui l'ont imposé), avant qu'il ne soit trop tard ! La décision de son éviction de la tête de la barre technique des Verts devrait être annoncée après la rencontre amicale contre le Portugal. SAMIR LAMARI