La sclérose en plaques affecte environ 15 000 personnes en Algérie. Le traitement classique coûte jusqu'à 10 millions de dinars par an et par patient. "Des patients vendent leurs biens immobiliers pour acheter des traitements de 2e et 3e intention, efficaces dans les formes agressives de la sclérose en plaques", témoigne le professeur Smaïl Daoudi, chef de service neurologie au CHU de Tizi Ouzou, dans une conférence de presse qu'il a animée à Alger conjointement avec le président de la Société algérienne de neurologie et de neurophysiologie clinique (SANNC), le professeur Mustapha Sadibelouiz. Un nouveau traitement, développé par un groupe pharmaceutique suisse et commercialisé actuellement aux Etats-Unis et en Europe, réduit de moitié le taux de rechute dans la maladie récurrente et de 25% le handicap dans la forme progressive, sans présenter d'effets secondaires. Son défaut : il est trop cher. Selon le Pr Sadibelouiz, l'Algérie dépense actuellement entre 800 millions et 1 milliard de centimes par an et par malade mis sous interférons, dans leurs différentes formes. Acquérir les médicaments innovants sous-entend consentir un budget double au chapitre de la prise en charge de la sclérose en plaques. "Des démarches sont entreprises auprès du ministère de tutelle, pour obtenir l'enregistrement de cette molécule. On attend...", a attesté le conférencier. La partie est toutefois difficile à gagner en cette conjoncture de grandes difficultés financières. "Par déontologie médicale, je ne dis pas à un patient que je ne peux pas vous prescrire ce médicament, car il est cher. Nous voulons absolument éviter le handicap", a souligné le Pr Daoudi. La santé n'a certes pas de valeur, mais inexorablement un coût. Dans cette équation, le malade s'enlise dans la détresse. D'autant que la SEP affecte essentiellement des sujets âgés entre 20 et 40 ans, qui ont un projet de vie et de carrière (moins de 5% de formes tardives au-delà de 50 ans). Le drame : la maladie est dégénérative. La sclérose en plaques, une pathologie auto-immune d'essence inflammatoire, touche le système nerveux central (le cerveau, les nerfs optiques et la moelle épinière), à l'âge de la maturation du système immunitaire et hormonal. Elle altère la transmission des influx nerveux et se manifeste, au gré des poussées, par une détérioration de la vue, un handicap moteur et une perte progressive des facultés cognitives (perception, langage, mémoire, raisonnement, décision...). Les causes de la maladie sont plutôt exogènes, principalement liés à l'environnement (carence en vitamine D, tabagisme, mauvaise alimentation...). Il n'en demeure pas moins que les recherches scientifiques tendent à incriminer certains virus, dont l'Epstein Barr, ont affirmé les praticiens. Environ 15 000 personnes sont atteintes de la sclérose en plaques en Algérie. "Le chiffre n'est pas précis", a prévenu le Pr Sadibelouiz. Il est extrapolé à partir de registres hospitaliers. Aucune étude épidémiologique ne fournit des indications fiables sur la prévalence de la maladie à l'échelle nationale. Les patients sont totalement pris en charge par l'Etat dans le cadre des traitements disponibles. Les neurologues algériens ne sont pas parvenus, jusqu'alors, à un consensus thérapeutique, même si nombreux d'entre eux plaident pour l'introduction des dernières innovations, ne serait-ce que pour les cas sévères. Souhila Hammadi