Liberté : Que pensez-vous de la situation environnementale en Algérie ? Massinissa Sebaï : La situation ne diffère pas de ce que vivent les autres pays. Cela interpelle tout un chacun pour prendre conscience de la gravité de cette situation. Dans notre pays il y a un manque de bienveillance quant à la préservation de l'environnement en raison de la non-préparation de la population à la compréhension des enjeux environnementaux, notamment à travers l'école où le sujet jusqu'à récemment était absent du manuel scolaire. À mon sens, il est urgent qu'on s'approprie la préservation de l'environnement, de la biodiversité, des écosystèmes, de la gestion de nos déchets. Nous devons par devoir préserver ce patrimoine naturel pour les futures générations. Les pouvoirs publics s'impliquent-ils suffisamment pour sa sauvegarde ? Ces dernières années, les pouvoirs publics s'impliquent d'avantage avec des stratégies et des plans environnementaux en associant des partenaires notamment les organisations de la société civile afin de faire avancer la cause localement. Néanmoins beaucoup reste à faire et nécessite la convergence de l'ensemble des énergies et surtout l'implication active de l'ensemble des secteurs, car ce patrimoine qui est la nature ne doit pas être le souci du seul ministère de l'Environnement mais aussi des autres départements. Il est plus qu'urgent qu'on intègre l'éducation environnementale et l'éducation à l'éco-comportement et l'éco-attitude dans notre école afin de développer ce sentiment d'appartenance à la nature auprès de nos enfants et ainsi leur faire connaître et protéger la nature et l'environnement. La transition énergétique, la gestion des déchets et l'optimisation des ressources naturelles restent des chantiers auxquels notre pays doit accorder plus d'importance, avec des plans d'action. Quel est le rôle des associations et de la société civile ? La société civile est le poumon principal, et la responsabilité lui revient de porter la cause environnementale. Certes, ce n'est pas aussi simple qu'on l'imagine vu les soucis de la vie et les transformations quasi-quotidiennes pour nos concitoyens de penser environnement, toutefois des efforts doivent être fournis car il s'agit de notre devenir et de celui des générations futures. Cette participation commence par des gestes simples : sortir nos déchets ménagers, apprendre à faire leur tri à la source, l'optimisation de l'utilisations des énergies, la rationalisation de l'utilisation de l'eau, etc. C'est peut-être une phrase toute faite, mais la protection de l'environnement est l'affaire de tous, sans exception. Quels sont les projets de votre association en la matière ? À la suite de la modeste expérience de l'association Agir et vu l'engagement qui est le nôtre depuis quelques années pour la cause, nous restons convaincus au sein d'Agir que beaucoup reste à faire, d'où l'urgence de capitaliser les expériences et partager les bonnes pratiques. On estime que seuls on n'arrivera jamais. À cet effet la rencontre nationale sur la protection de l'environnement et de la biodiversité que nous avons organisée à Tikjda en juillet 2017 et qui a regroupé plusieurs associations engagées sur le terrain issues de différentes wilayas, a vu aussi la participation d'universitaires et des représentants des pouvoirs publics, a vu la naissance du réseau national Algerian-Eco, pour la sensibilisation à la protection de l'environnement et aux changements climatiques, dont notre association a été élue chef de file. Actuellement, nous sommes en phase de consolidation. Ainsi nous avons soumis nos différentes initiatives à nos partenaires dans l'espoir de nous aider pour renforcer les capacités de notre réseau et lancer des campagnes de sensibilisation sur les différentes thématiques liées à l'environnement. Le travail de sensibilisation est un gros chantier que nous avons inscrit et pour lequel nous travaillons avec l'ensemble de nos partenaires. Entretien réalisé par : Ramdane Bourahla