Cinquante-neuf familles attendent depuis le 6 février dernier l'accomplissement de leur rêve, serrer la fameuse clé dans la main. Mais, à ce jour, rien de concret n'a été fait. Ils sont bénéficiaires sur papier seulement. Ils se tournent vers la justice pour arracher leur logement. Echeveau inextricable, le problème du logement empoisonne le quotidien des familles qui n'ont toujours pas eu la chance d'acheter leur propre maison. La wilaya de Khenchela fait face, elle aussi, à l'affreux déficit en matière de logement. Plusieurs familles attendent depuis des années de voir leur nom sur la liste des bénéficiaires dans le cadre des programmes locaux. Il semblerait, cependant que, le fait d'être “déclaré” bénéficiaire sur papier, est loin, vraiment loin d'être la dernière étape avant l'acquisition officielle du fameux F3. En effet, seule l'obtention de la clé du logement garantit son attribution réelle. Pas moins de 59 familles ont eu à le vérifier dans la wilaya de Khenchela. Passée l'euphorie de l'inoubliable journée du 6 février 2005 où elles ont été informées de l'attribution de logements sociaux, ces 59 familles n'ont, finalement, toujours pas pu concrétiser le rêve. La fameuse clé qui ouvre la porte du logement et, par ricochet, droit à la propriété, moisit dans les tiroirs de l'Opgi de la wilaya. Le directeur de cette structure locale refuse de remettre les clés aux 59 bénéficiaires. La raison ? Le directeur de l'Opgi affirme n'avoir pas assisté au tirage au sort d'affectation. Ceci l'empêche, selon ses dires, de régulariser la situation de ces familles qui attendent impatiemment de regagner leur nouveau toit. Pourtant, le tirage au sort d'attribution a eu lieu en présence du P/Apc, de ses deux vice-présidents, d'un représentant des services de sécurité, du mouvement associatif et de tous les bénéficiaires. Le P-V note que l'opération s'est déroulée “dans de bonnes conditions et dans la transparence totale” qui a vu l'affectation de 36 F2 et 23 F3. Mais le directeur de l'Opgi campe sur sa décision de bloquer l'attribution. Les contacts entrepris par les bénéficiaires auprès de responsables locaux n'ont pas abouti. Las d'attendre et ne sachant plus à quel saint se vouer, les 59 bénéficiaires ont décidé de prendre leur destinée en main. Ils se sont tournés vers la justice pour tenter d'arracher le fameux logement. En effet, le directeur de l'Opgi a été poursuivi en justice par les 59 familles. Nos innombrables tentatives d'entrer en contact avec le directeur de l'Opgi de la wilaya de Khenchela sont restées vaines. Nous nous sommes donc contentés de la version des familles. Une version vérifiée et confirmée sur le terrain. Il faut savoir, par ailleurs, que Khenchela n'est pas la seule ville où le problème de logement “sévit” depuis des années. La wilaya de Mascara est, elle aussi, confrontée à un énorme déficit. En dépit de la réalisation d'un nombre important de logements, tous programmes confondus, puisque le parc immobilier de la wilaya se chiffre à 134 288 unités, le problème du logement se pose avec acuité dans la wilaya de Mascara et le nombre sans cesse croissant de demandes formulées en ce sens par les citoyens en quête d'un toit, illustre parfaitement le déficit enregistré à cet effet. Pour pallier ces insuffisances, le ministère de l'Habitat, conscient du problème, a réservé un ambitieux programme pour cette région à vocation agricole. C'est ainsi que 145 500 nouveaux logements seront construits dans les 5 prochaines années dans les différentes communes du territoire de la wilaya. Il est vrai que les autorités locales chargées de les dispatcher cibleront les chefs-lieux des daïras où une très forte densité est enregistrée. Néanmoins, 9 000 logements seront destinés aux communes rurales pour atténuer le phénomène de l'exode qui a pris de l'ampleur depuis l'avènement du terrorisme. En théorie, la réalisation de ces 145 000 nouveaux logements est susceptible de résoudre définitivement le problème, mais, en réalité, il n'en sera rien, car d'ici-là, d'autres postulants se manifesteront avec, d'un côté, l'éclatement des familles et de l'autre, les nouveaux couples qui se formeront. En outre, le dernier recensement a fait ressortir un nombre très élevé de logements inoccupés. Le taux d'occupation de 6% est révélateur. Pour la concrétisation de cet objectif, la wilaya de Mascara est astreinte à livrer 3 000 logements par année, une performance qui nécessite la mobilisation et l'implication de toutes les parties concernées. Mais, avec la dissolution des entreprises de bâtiment, la wilaya de Mascara souffre de l'absence de moyens de réalisation. A priori, le pari est difficile car la wilaya de Mascara ne dispose pas des moyens nécessaires, et plusieurs paramètres aussi complexes les uns que les autres gravitent autour du bâtiment (AEP, assainissement, VRD, électricité et gaz) qui font que le secteur reste tributaire de la dynamique des autres secteurs. Eu égard à toutes ces circonstances énumérées, les délais d'exécution des travaux ne peuvent être respectés comme cela a été toujours le cas pour les programmes antérieurs en raison de contraintes enregistrées à tous les niveaux. WALID B. et A.B.