Neuf années d'attente se sont transformées en un terrible supplice pour 556 familles. En effet, cela fait 9 ans que les 556 souscripteurs aux logements location-vente AADL, et futurs bénéficiaires de la cité AADL El Achour bis, attendent la livraison de leurs logements, mais en vain. Le rêve s'est évaporé et laisse la place désormais à un cauchemar qui tourmente au quotidien ces familles dont l'espoir en une vie meilleure se consume au vu des péripéties que leur oppose à chaque fois l'Agence pour l'amélioration et le développement du logement (AADL). Et pour manifester leur désespoir, une dizaine de ces familles ont tenu hier un sit-in devant la maison de la presse à Alger en arborant un slogan ô combien significatif : «Neuf ans barakat !». A travers cette initiative, le collectif formé par ces familles en colère a tenu à dénoncer les retards enregistrés dans la livraison des 556 logements situés à El Achour bis, inscrits pourtant au programme 2001. Selon ces familles, «toutes les promesses de la direction et des responsables de l'AADL n'ont jamais été tenues car plusieurs dates de réception ont été fixées mais à chaque fois un prétexte est trouvé», s'insurgent-ils tout en brandissant haut et fort plusieurs pancartes pour exprimer clairement leur ras-le-bol. «Nous avons reçu la décision d'affectation en 2002. Nous avons postulé à ces logements en suivant la procédure ordinaire à laquelle tout citoyen algérien est soumis. Nous avons payé le plus normalement du monde notre part de 5%. Malgré cela, jusqu'à aujourd'hui, nous n'avons pas reçu nos logements. Pourquoi nous fait-on attendre ?» s'écrient des pères et des mères de famille qui nous ont fait savoir que le chantier se trouve en arrêt depuis février dernier. Le promoteur libanais, Slimane Haddad, s'est vu retirer le contrat de réalisation, laissant le chantier à l'abandon. Il faut savoir que ces futurs bénéficiaires ont déjà souffert lors du premier arrêt des travaux entre 2003 et 2006. «L'AADL est en conflit avec ce promoteur libanais. Ce dernier nous a expliqué qu'on refuse de le payer ! Mais nous, en quoi on est concernés par ce conflit ? On a déjà dit à la direction de l'AADL que nous sommes pris en otages par ce conflit. Mais, à aucun moment, on ne nous a proposé une solution à notre problème. Sommes-nous responsables si le projet est toujours livré à des entreprises non fiables ?» s'interrogent les souscripteurs qui ne cachent nullement leur mécontentement à l'égard de l'indifférence de la direction de l'AADL et des intimidations des services de sécurité dont ils font objet à chacun de leurs sit-in. «Nous craignons que l'ADDL réaffecte ces logements à des bénéficiaires pistonnés. C'est pour cela que nous ne reculerons devant rien pour arracher nos droits. Nous irons jusqu'au bout de nos revendications légitimes», affirment-ils en menaçant de «squatter» ces logements qui «nous reviennent de droit», assurent-ils, dans les jours à venir. Il est à souligner enfin que plusieurs programmes AADL de 2001 sont encore à l'arrêt, à l'exemple de celui d'El Achour bis dont les travaux en sont arrivés tout de même au stade des finitions. Au sujet de ces chantiers, Noureddine Moussa, le ministre de l'Urbanisme et de l'Habitat, a expliqué récemment lors d'une inspection de ces sites que «certains chantiers démarrent et finissent bien, et d'autres connaissent des problèmes à des degrés différents». Ajoutant qu'«il arrive même que des chantiers rencontrent des problèmes techniques en cours de route, comme celui de trouver des nappes d'eau en sous-sol, qui nécessitent l'arrêt des travaux». Concernant le site d'El Achour bis, Nourredine Moussa indiquera que c'est un chantier «qui a connu beaucoup de problèmes techniques et de résiliations de contrat, comme c'est le cas pour le dernier promoteur». Néanmoins, il affirmera que «les choses sont en train d'être reprises en main, dans la sérénité selon les règles de l'art». Attestant par ailleurs que «nous ne pouvons pas mettre nos concitoyens en danger, ni mettre n'importe où l'argent public». Malheureusement, ces propos n'ont guère rassuré les 556 familles d'El Achour bis. Leur droit à un toit décent ne suffit-il pas pour motiver les pouvoirs publics à les délivrer de ce cauchemar ? A. S.