Houda Abdel Nasser était très sollicitée, parfois même par de simples inconnus cherchant tout juste à lui serrer la main pour dire toute l'admiration et le respect qu'ils ont toujours pour son nom en l'occurrence pour son père. Pr à l'Université du Caire où elle enseigne les sciences économiques et politiques, la fille de l'ancien leader égyptien a su toucher les gens en tenant un discours fort et engagé ; en parlant de la nécessité de protéger avant tout la nation arabe et la promouvoir et en évoquant la signification et le symbole de la Révolution algérienne qui se poursuit encore, aujourd'hui, dira-t-elle à un moment. Elle aura également ces mots pour “le peuple algérien” qui lui, a “combattu et mené sa guerre d'indépendance, une indépendance venue du peuple… contrairement à ce qui s'est passé en Egypte…”. Houda Abel Nasser a accepté, à l'occasion de sa présence au jubilé de Ahmed Ben Bella, de nous accorder un entretien où elle revient sur ces questions. Liberté : Votre présence au jubilé de Ben Bella est un hommage à l'amitié qui le liait à votre père... Houda Abdel Nasser : Oui, à la mémoire de l'amitié entre mon père et Ahmed Ben Bella, entre mon père et le peuple algérien. Il ne faut pas oublier l'accueil qu'a reçu mon père, un accueil d'amour et d'amitié, lorsqu'il est venu en Algérie après l'Indépendance… Je ne crois pas qu'une personne de par le monde ait bénéficié d'un pareil accueil… J'ai vu le film, de même que les archives et si on remarque bien, on les voit dans les yeux des gens qui l'aimaient, cela se voyait… En Algérie, depuis que je suis ici, j'ai remarqué que lorsque quelqu'un apprend que je suis la fille de Nasser, il adopte ce même regard… Aujourd'hui que reste-t-il de l'héritage de Jamel Abdel Nasser ? Le nationalisme arabe est toujours une réalité, certes, il n'y a pas d'unité politique mais, il y a une unité humaine, celle des peuples… Avec le progrès technologique, grâce aux paraboles… Cela permet de renforcer l'unité des peuples, lorsque de chez moi, je vois des images de l'Algérie, cela provoque comme une sorte de transfert, un échange d'émotion, des traditions, même des dialectes. L'unité arabe c'est une réalité, c'est quelque chose de réel qui existe malgré les gouvernements séparés et tout ce que cela implique… Les peuples ont une position différente de leur gouvernement… L'émotion des peuples est une réalité… Je ne suis pas d'accord avec Hocine Chafiî lorsqu'il dit que le nationalisme arabe n'a pas de politique… Le nationalisme arabe est une réalité géopolitique, historique et cela continuera… L'unité arabe est plus commune que l'Islam, il y a des groupes musulmans, chrétiens dans le monde arabe, en même temps notre culture est islamique, il n'y a pas de contradiction entre les deux… Il y a des gens maintenant qui essaient de trouver là une contradiction, je ne suis pas d'accord, il n'y a pas de contradiction entre les deux thèmes… Le monde arabe est une entité, un ensemble historique, géopolitique. Vous effectuez depuis plusieurs années un travail de recherche de documents sur le parcours de votre père ; va-t-il y avoir un livre à paraître ? Je travaille depuis près de 10 ans sur des documents et des archives sur l'histoire de mon père et sur l'histoire de la Révolution égyptienne… J'ai créé un site internet sur mon père qui comporte près de 50 000 photos, des documents même sonores faits de textes, de discours. Il y a des documents et des textes écrits par lui, mais aussi compris des documents britanniques. Quel regard portez-vous sur l'Egypte d'aujourd'hui ? Nous attendons… Nous espérons maintenant qu'il y ait un changement politique réel qui va encourager le peuple à participer politiquement… Jusqu'à maintenant, il y a une apathie politique chez le peuple en Egypte… J'espère qu'un changement va se produire et va encourager le peuple à participer à la vie politique. F. Boumediene