Dans un message qu'il a adressé hier au président Mohamed Abdelaziz, le chef de l'Etat a déclaré qu'il se rendra à Tripoli pour défendre le principe de l'autodétermination du peuple sahraoui. “Engagé comme nous l'avons toujours été, nous irons en Libye fidèle à nos promesses”, a écrit Abdelaziz Bouteflika à son homologue de la RASD à l'occasion de la célébration du 32e anniversaire de la création du Front Polisario, à la veille du déroulement du sommet de l'Union du Maghreb arabe prévu les 25 et 26 mai courant. “L'Algérie soutient cette cause et toutes les autres conformément à la Charte de l'ONU en vue d'aider le peuple sahraoui ainsi que tous les peuples à recouvrer leur liberté et leur indépendance”, a ajouté le chef de l'Etat. Il a précisé que “l'Algérie est déterminée à œuvrer pour l'édification d'une union forte pour servir les intérêts de l'ensemble des peuples de la région, sans se défaire de ses principes, notamment en ce qui concerne votre appui en tant que mouvement de libération reconnu dans les forums internationaux et, en premier lieu, l'ONU et le Conseil de sécurité”. Bouteflika a toutefois souligné que “l'Algérie, qui n'est pas directement impliquée dans cette affaire, ne se fiera dans toutes les circonstances qu'à sa conscience et à la légalité internationale”. Enfonçant le clou, il a affirmé : “Aussi sacré que fut la Révolution pour le peuple algérien, notre soutien a toujours été ferme en faveur des peuples colonisés ou sous occupation étrangère jusqu'à ce qu'ils puissent décider en toute liberté et exprimer la souveraineté de leur décision finale.” Cette sortie médiatique du chef de l'Etat ne manquera pas d'avoir des répercussions sur le sommet de l'UMA, dont la tenue a été obtenue à la suite de longues tractations pour convaincre le souverain alaouite d'y prendre part. Il a fallu un rapprochement entre Alger et Rabat lors du 17e sommet de la Ligue arabe, qu'avait abrité l'Algérie en mars dernier, pour que les deux parties acceptent de débloquer la situation au niveau de l'Union du Maghreb arabe. Mohammed VI avait alors donné son aval pour être présent à Tripoli. Alors une question : la déclaration du président Bouteflika est-elle de nature à remettre en cause la participation du souverain chérifien au sommet de Tripoli ? Mohammed VI avait réaffirmé en janvier dernier la position du Maroc au sujet du Sahara occidental en lançant : “Ni moi ni le peuple marocain n'accepterons jamais de renoncer à notre souveraineté sur ces provinces.” Il faut savoir que le dossier du Sahara occidental a été un véritable facteur de blocage de l'organisation maghrébine en raison de l'opposition marocaine à la mise en œuvre du plan de paix de l'ONU à travers le référendum d'autodétermination. Le président de la RASD est sorti hier de sa réserve en affirmant depuis Tifariti que “le peuple sahraoui ne peut rester les bras croisés indéfiniment. Il luttera pour faire valoir ses droits nationaux par tous les moyens légitimes, dont la reprise de la lutte armée”. Mohamed Abdelaziz a également appelé le Conseil de sécurité à être fidèle “à l'engagement de parachever la décolonisation du Sahara occidental” afin d'“éviter à la région d'entrer dans un tourbillon d'insécurité et d'instabilité”. K. ABDELKAMEL