C'est surtout mû par le souci d'une édification maghrébine forte et pérenne, que le chef de l'Etat compte peser de tout son poids lors du Sommet de Tripoli. Le Front Polisario a célébré vendredi dernier le 32e anniversaire de sa création le 20 mai 1973. A cette occasion, et à moins d'une semaine de l'ouverture, les 25 et 26 mai, dans la capitale Libyenne, du Sommet de l'UMA, le chef de l'Etat a adressé, hier, un message de félicitations au président Sahraoui, Mohamed Abdelaziz. Tout en réaffirmant le soutien de l'Algérie au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, à travers la mise en oeuvre du plan Baker, Abdelaziz Bouteflika s'est engagé à tenir ses «promesses» envers le peuple sahraoui, lors du prochain Sommet de l'UMA. «Engagés comme nous l'avons toujours été, nous irons en Libye, fidèles à nos promesses», a-t-il affirmé. Fidèle à sa position de principe envers les mouvements de libération, l'Algérie, rappelle Bouteflika, soutient la cause sahraouie «conformément à la charte de l'ONU». D'autant que «l'Algérie est déterminée à oeuvrer pour l'édification d'une union forte pour servir les intérêts de l'ensemble des peuples de la région...» C'est surtout mu par le souci d'une édification maghrébine forte et pérenne, que le chef de l'Etat compte peser de tout son poids lors du Sommet de Tripoli. Pour lui, il s'agit, au premier chef, d'aider le peuple sahraoui à exercer sa souveraineté sur ses territoires et vivre dans la liberté, la dignité et la paix «aux côtés de tous les peuples du Grand Maghreb arabe.» L'espoir que le chef de l'Etat nourrit en le Sommet de l'UMA est fort, au point où il le compare à celui qui a généré la création de l'Union. «La prochaine réunion de l'Union du Maghreb arabe (UMA) constituera un événement dont l'importance sera égale à celle qui a généré la création de l'UMA en 1987», poursuit le président de la République. Il est utile de rappeler que le roi Mohammed VI avait affirmé en janvier dernier que le Maroc ne renoncera jamais à sa souveraineté sur le Sahara occidental. «Ni moi ni le peuple marocain n'accepterons jamais de renoncer à notre souveraineté sur ces provinces», avait-il déclaré. Pour le chef de l'Etat, la question du Sahara occidental tient d'un problème de décolonisation qui ne peut être réglé que dans le cadre des résolutions des Nations unies et des accords de Houston, approuvés par les parties impliquées dans le conflit. A noter que lors de sa tournée en Amérique latine, le président Bouteflika a tenu à réitérer un principe capital: la question du Sahara occidental oppose le Royaume du Maroc au Front de libération du Polisario. Avant d'ajouter que l'Algérie, qui n'est pas directement concernée dans ce conflit, s'y intéresse cependant parce qu'il touche à la paix et à la stabilité dans l'ensemble de la région et parce qu'il entrave la réalisation de l'Union du Maghreb arabe. Quant aux répercussions du dossier sahraoui sur les relations algéro-marocaines, il a été constaté depuis le dernier sommet Bouteflika-Mohammed VI, tenu au lendemain du Sommet arabe d'Alger, que beaucoup de progrès ont été enregistrés entre les deux pays. La suppression des visas des deux côtés des frontières, le renforcement de la coopération économique et la probable réouverture des frontières est une preuve qu'en fin de compte le dossier du Sahara occidental est du ressort des Nations unies. Ce postulat, le royaume chérifien l'a très bien assimilé, d'autant plus que ce dernier est soumis à la pression de la communauté internationale qui continue d'apporter son soutien indéfectible à l'autodétermination du peuple sahraoui. La dernière déclaration en date est celle de la ministre suédoise des Affaires étrangères, Mme Laila Frelvalds, qui a affirmé, hier, que son pays soutient «une solution au conflit du Sahara occidental conformément à la légalité internationale», soulignant que la tenue d'un «référendum est la voie normale vers l'autodétermination». De leur côté, les responsables sahraouis, confiants quant à l'aboutissement de leur cause, ont d'ores et déjà lancé des avis d'appels pour l'exploitation de 12 blocs pétroliers, une offre à laquelle ont souscrit trois compagnies pétrolières mondiales. Tout récemment, ils avaient demandé à l'Union européenne de ne pas intégrer les eaux territoriales sahraouies dans ses accords économiques avec le Maroc. De son côté, le président sahraoui a appelé, hier, le Maroc à faire valoir «la voix de la sagesse» et à se «conformer à la légalité internationale». Faute de quoi, enchaîne-t-il, «le peuple sahraoui ne peut rester les bras croisés indéfiniment. Il luttera pour faire valoir ses droits nationaux par tous les oyens légitimes, dont la reprise de la lutte armée».