En grève depuis maintenant sept mois, les résidents tempèrent leur mouvement. Ils décident de reprendre les gardes dans les hôpitaux, assurées habituellement de 16h à 8h, durant les week-ends et les jours fériés. Le retour des futurs spécialistes aux urgences est attendu pour aujourd'hui, mercredi, a-t-on appris, hier, dans un communiqué rendu public par le délégué national du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra). "Devant la situation dramatique dont souffrent quotidiennement nos hôpitaux et qui n'ira qu'en s'accentuant à l'approche de la saison estivale, devant la fatigue et l'exaspération de nos aînés mobilisés durant tout le mois sacré, et à quelques jours de l'Aïd El-Fitr, fête religieuse synonyme de miséricorde et de bienveillance, le Collectif autonome des médecins résidents algériens, dans le souci de restaurer le cadre d'une concertation apaisée, a décidé d'une reprise de l'activité de gardes des urgences (uniquement et non de l'activité même face aux intimidations) de 16h à 8h dans toutes les structures hospitalières universitaires du pays à compter du mercredi 13/06/2018", lit-on dans le document du Camra. Il importe, néanmoins, de souligner que cette décision placée sous le signe de "l'apaisement" est intervenue à l'issue des assemblées générales, tenues lundi soir et hier matin, à travers les 13 facultés de médecine du nord du pays. En effet, lors de ces assemblées générales, les délégués des résidents par spécialité ont voté, à l'unanimité, pour la reprise des gardes dans les CHU. "Cette décision intervient en signe de bonne volonté en réponse à la promesse de dialogue affirmée par le ministre de la Santé lors de ses interventions médiatiques, mais également afin de trouver une issue favorable et rapide à cette crise qui n'a que trop duré et dont nos patients et la famille médicale sont les premières victimes", lit-on dans le communiqué. Plus loin, les résidents prennent à témoin la communauté nationale sur leur sincérité et leur disposition à trouver des "solutions justes et efficientes" au conflit. Ils espèrent que cette décision, qui se veut un autre signal fort d'apaisement en direction des ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur, sera couronnée par l'entame de nouvelles discussions susceptibles de régler, définitivement, ce conflit qui perdure depuis sept mois. Le débrayage des résidents "radicalisé" par la suspension des gardes depuis le 29 avril dernier a sérieusement perturbé, voire paralysé, le fonctionnement des hôpitaux. Rappelons, au passage, que l'absence du maillon fort du système de gardes dans les CHU a engendré des situations extrêmement difficiles. Les spécialistes se disent débordés et épuisés vu l'importance du flux de malades à prendre en charge au quotidien. Les médecins généralistes réquisitionnés, au pied levé, n'ont fait qu'aggraver la désorganisation des CHU. Est-il concevable d'admettre que 236 médecins (généralistes et spécialistes) puissent remplacer les 1 200 résidents du CHU Mustapha- Pacha en grève ? La perche tendue par le Camra vise, dit-on, a ôter au ministère de la Santé l'alibi de bloquer le dialogue qui demeure la clé du dénouement total du conflit. D'autant que le ministre de la Santé, Mokhtar Hasbellaoui, a rappelé, lors de ses précédentes sorties médiatiques, aux délégués du Camra, que la reprise du dialogue est tributaire de la reprise des gardes. "Le ministre a exigé de nous, les résidents, de reprendre, d'abord, le service minimum dans les urgences, avant d'espérer revenir à la table des négociations. C'était, en fait, une condition sine qua non pour poursuivre les discussions entamées autour des revendications du Camra. Aujourd'hui, nous estimons que nous avons fait un grand pas d'apaisement, donc, c'est au ministère de prouver sa bonne foi, puisque la balle est dans son camp", soutiendra un délégué qui a requis l'anonymat. Les résidents ont-ils eu des garanties pour se passer d'un aussi important moyen de pression ? D'autant que la question de la reprise des gardes a été abordée lors de la dernière conférence de presse du Camra où il a été expliqué que "rien ne garantit aux résidents que l'arrêt de la grève avant la reprise du dialogue sera une réussite". Nos sources évoquent, à cet effet, une médiation à un haut niveau politique qui leur a donné des garanties que les négociations seront programmées immédiatement après l'annonce de la reprise des gardes. Soit, après les fêtes de l'Aïd. Hanafi H.