La nouvelle attitude «conciliante» du Syndicat arrive trop tard pour débloquer la situation. La reprise, hier, par les médecins résidents des gardes dans les urgences des CHU n'est visiblement pas synonyme d'une reprise du dialogue, comme l'avait souhaité le Camra. En effet, au lendemain du communiqué qui se voulait un geste de bonne volonté de la part des grévistes, le ministère de la Santé n'a toujours pas réagi à titre officiel. Jusqu'à hier, dans l'après-midi, aucune invitation n'a été transmise aux syndicalistes pour une reprise du dialogue. Cette absence de réaction vient confirmer des propos attribués au ministre de la Santé, arguant l'impossibilité de tout contact futur entre la tutelle et les représentants des médecins résidents, avant la cessation totale du mouvement de grève et donc la reprise des cours et des actes médicaux dans les CHU. La fermeté de Mokhtar Hasbellaoui, après plusieurs mois d'attitude dialoguiste, renseigne sur l'agacement des pouvoirs publics, face à un mouvement de débrayage à l'appui de revendications impossibles à satisfaire dans la forme proposée par les grévistes. Il devient clair que le ministre de la Santé mise sur l'affaiblissement du mouvement pour négocier en position de force et amener les médecins résidents à reconsidérer leur position vis-à-vis du service civil qu'ils veulent purement et simplement annuler. L'attitude de Hasbellaoui s'est forgée sur le terrain de l'urgence de suppléer à la défection des médecins résidents dans l'ensemble des services, ainsi qu'au niveau des urgences de tous les CHU du pays. Le système de santé qui a tout de même pu fonctionner sans les médecins résidents, a apparemment trouvé quelques marques, malgré les grandes difficultés rencontrées, sur le terrain par les spécialistes, les généralistes et les paramédicaux. L'absence du maillon des résidents a pesé sur la marche des hôpitaux et relégué au second plan l'effort d'amélioration des actes médicaux dans le secteur public. Le défi imposé par une grève de plus de 7 mois a amené le ministre de la Santé à se résoudre à réunir les gestionnaires des CHU du pays pour discuter de la réorganisation des soins, notamment la prise en charge des urgences médicales et chirurgicales. Il va de soi que cette nouvelle réorganisation minimisera le rôle des médecins résidents, étant donné qu'elle se fera sans eux. Mokhtar Hasbellaoui met cette rencontre sur le compte d'une volonté de «mettre en place les meilleures pratiques possibles en matière d'organisation pérenne des soins dans les wilayas à vocation hospitalo-universitaire, avant la duplication et l'adaptation de cette organisation au niveau des autres wilayas du pays», rapporte un communiqué du ministère de la Santé. Cette initiative a été prise avant la décision du Camra de reprendre les gardes. C'est dire que la machine était déjà lancée et la nouvelle attitude «conciliante» du Syndicat arrive trop tard pour débloquer la situation. De fait, la seule solution possible pour le Camra consiste à admettre la fin du mouvement et engager un dialogue avec le ministère, sans condition aucune. En tout cas, c'est ce que pense Mokhtar Hasbellaoui qui, au regard du développement de cette affaire, est plus que jamais en position de force.