Force est de constater que le test du ministre du Commerce, Saïd Djellab, à garantir le respect des permanences pendant l'Aïd a été non concluant. Les Algérois ont dû, cette année aussi, faire avec la fermeture des commerces pendant les deux jours de l'Aïd. Le premier jour de l'Aïd ayant coïncidé avec le vendredi, une partie des commerçants a ouvert pendant la matinée, avant de prendre congé dans l'après-midi. Ce constat était largement visible dans différentes municipalités de la capitale, à l'exemple de Sidi M'hamed, Rouiba ou Bordj El-Bahri. Hier samedi, deuxième jour de l'Aïd, les commerçants ayant assuré la permanence étaient encore plus rares. "Tout compte fait, j'ai eu le bon réflexe de faire mes provisions à la veille de l'Aïd, j'ai même prévu du pain dans le congélateur...", dira une dame à qui on demandait, hier, peu avant midi, où il était possible d'acheter du pain dans le quartier Meissonnier, à Alger-Centre. Pourtant, le ministre du Commerce, Saïd Djellab, s'était montré ferme, voire menaçant, à l'égard des commerçants retenus pour les permanences, dans le cas où ils ne respecteraient pas cette disposition introduite depuis 2012, suite à l'amendement de la loi 04-08 fixant les conditions de l'exercice des activités commerciales et obligeant les commerçants à assurer une permanence durant les fêtes nationales. Dans le cas de non-respect de la permanence, la loi prévoit, en effet, des sanctions, dont "la fermeture des locaux commerciaux pour une durée d'un mois, assortie d'une amende allant de 30 000 à 200 000 DA contre les contrevenants". La Direction du commerce de la wilaya d'Alger a parlé de "92 équipes composées de 184 agents des différents corps de la répression de la fraude et du contrôle économique, chargées de constater le respect des permanences fixées pour l'Aïd el-Fitr". Les mêmes services ont affirmé à l'agence de presse officielle (APS) que "99,93% des commerçants ont assuré la permanence pendant l'Aïd el-Fitr à travers 13 circonscriptions administratives de la capitale durant la matinée du premier jour de l'Aïd". Selon Dehhar Ayachi, représentant de la Direction du commerce de la wilaya d'Alger, les agents de contrôle et de la répression des fraudes relevant de la même direction ont uniquement relevé "3 infractions dont 2 concernant des locaux d'alimentation générale et un marchand de fruits et légumes dans la circonscription administrative de Dar El-Beïda". Le même responsable a soutenu que "ce taux ‘satisfaisant' a été atteint grâce aux campagnes de sensibilisation, au contrôle et à la rigueur dans l'application de la loi". Sur le terrain, la réalité était pourtant tout autre. Quant à parler d'une permanence assurée à hauteur de 99,93, c'est peut-être un peu trop exagéré. Mehdi Mehenni