"Les poèmes de Matoub Lounès sont truffés de segments de la littérature traditionnelle forgée par le génie populaire pour y exprimer l'expérience acquise depuis des temps immémoriaux", a souligné le Dr Mustapha Tidjet. Les travaux du colloque international consacré à l'œuvre du défunt chanteur kabyle, Lounès Matoub, se sont poursuivis, hier, au campus universitaire d'Aboudaou, à Béjaïa, avec une autre série de communications données par des chercheurs universitaires invités pour la circonstance. Ainsi, dans la matinée d'hier, le directeur du Centre national de langue et culture amazighes (CNLCA), le Dr Mustapha Tidjet, a eu à intervenir autour du thème "La littérature populaire dans la poésie de Matoub Lounès". Selon le conférencier, "les poèmes de Matoub Lounès sont truffés de segments de la littérature traditionnelle, forgée par le génie populaire pour y exprimer, de manière synthétique et très condensée, l'expérience acquise depuis des temps immémoriaux et, ainsi, la transmettre de génération en génération. Sauf que ces segments linguistiques ne sont presque jamais repris in extenso, ils sont souvent revisités pour les adapter selon ses besoins (adaptation de forme et/ou de sens)". De son côté, Mme Fadhila Kaci, maître de conférences à l'université de Béjaïa, abordera le thème "La femme dans l'œuvre de Matoub Lounès". "À l'instar des autres chanteurs kabyles, Matoub Lounès a, lui aussi, chanté la femme. Son riche répertoire a traité de divers thèmes. Il a aussi bien chanté la liberté, la démocratie, l'exil, la perte d'un être cher, la patrie et l'amour. Aussi, à travers plusieurs œuvres, ce ténor de la chanson kabyle rend hommage à la femme en tant que symbole de l'amour maternel, de la patrie, mais aussi de l'amour", a-t-elle souligné en substance. Une autre conférence animée conjointement par Ouiza Tikobaini et Tassadit Yahiaoui, maîtres assistantes au Département langue et culture amazighes (DLCA) de Tizi Ouzou, a eu pour thème "l'usage des proverbes dans les textes poétiques de Lounès Matoub". Les deux communicantes ont expliqué que "notre analyse de l'usage de la parole proverbiale dans les textes poétiques de Lounès Matoub vise à montrer les modes de son insertion et ses différentes fonctions textuelles. Nous comptons vérifier l'hypothèse qui consiste à dire que l'insertion des proverbes contribue à renforcer l'argumentation de l'auteur, mais il s'en sert également pour structurer l'organisation globale du texte". Pour sa part, Mme Lynda Ouatah, chef du Département langue et culture amazighes, à l'université de Béjaïa et, néanmoins, présidente du comité d'organisation de ce colloque, s'est dit "très satisfaite", tant sur le plan organisationnel que sur celui du niveau de la qualité des communications présentées par les participants. "Nous avons réussi notre pari, consistant à rendre un hommage inédit au chantre de l'amazighité et de la démocratie. Pour moi, le défunt Lounès Matoub restera le symbole des causes justes, voire une école. D'ailleurs, sa vie et son parcours artistique ont été le sujet de tous mes mémoires de fin détudes, y compris de ma thèse de doctorat", nous dira, sur un ton jovial, Mme Ouatah. Kamel Ouhnia