Les Nations unies ont demandé, hier, aux Etats-Unis de réformer leur politique migratoire, estimant que ni la séparation des enfants de migrants, ni leur détention n'étaient des options envisageables. "Nous nous opposons à la séparation des enfants de leurs parents à des fins de contrôle migratoire, mais nous nous opposons également aux détentions", a affirmé un porte-parole du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), Christophe Boulierac, lors d'un point de presse à Genève. Dans un spectaculaire retournement, Donald Trump a décidé, mercredi, de mettre fin aux séparations des familles de migrants arrivées illégalement aux Etats-Unis, qui ont provoqué une vague d'indignation mondiale et un profond malaise au sein de son parti. Le décret signé par le Président américain stipule que des poursuites pénales continueront à être engagées contre ceux qui traversent la frontière illégalement, mais que parents et enfants seront détenus ensemble dans l'attente de l'examen de leur dossier. "Nous demandons aux Etats-Unis de réformer leurs politiques migratoires, et nous demandons la mise en œuvre d'alternatives communautaires et non privatives de liberté pour les enfants, les familles", a réclamé, pour sa part, une porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Ravina Shamdasani, à Genève. Interrogée sur la décision américaine de placer des migrants sur des bases militaires, la porte-parole a affirmé que "ces personnes ne devraient pas être considérées comme des criminels". Par ailleurs, une dizaine d'Etats américains, dont la Californie, Washington et le New Jersey, vont poursuivre l'administration Trump pour sa politique migratoire, a annoncé, jeudi, le procureur général de l'Etat de Washington. "C'est une politique aberrante, cruelle et anticonstitutionnelle, et nous allons y mettre un terme", a déclaré Bob Ferguson dans un communiqué. M. Ferguson a dénoncé l'incertitude et le chaos créés par la politique de séparation des familles, mais aussi par le décret signé, mercredi, qui cherche à détenir de manière indéfinie les enfants et leurs parents et continue à poursuivre pénalement les demandeurs d'asile. Il dénonce aussi les conditions inhumaines et horribles dans les centres de détention de la police de l'immigration et des frontières, et s'insurge contre le manque de contact --parfois pendant des semaines-- entre les mères et les enfants, dont elles ont été brusquement séparées à la frontière. Parmi les Etats qui se sont associés à la plainte figurent le Massachusetts, le Maryland, le Nouveau Mexique, la Pennsylvanie, l'Iowa et l'Illinois. Bob Ferguson a dit s'attendre à ce que d'autres les rejoignent. Des maires américains, républicains et démocrates, se sont rendus, jeudi, à la frontière avec le Mexique pour dénoncer la cruelle politique du gouvernement fédéral et exiger que les enfants migrants soient immédiatement rendus à leurs parents. Plus de 2300 enfants et adolescents ont été séparés de leurs parents depuis début mai, après l'arrestation de ces derniers pour avoir illégalement traversé la frontière avec le Mexique. R. I./Agences