Les réformateurs iraniens ont dénoncé hier comme “illégale” la disqualification de leurs candidats à la présidentielle du 17 juin, l'un d'eux parlant de “coup d'Etat” et appelant au boycott. “Il s'agit d'un coup d'Etat, et le gouvernement qui sera mis en place sera le fruit d'un coup d'Etat”, a déclaré devant la presse Mostafa Tajzadeh, un des dirigeants du principal parti réformateur, le Front de la participation. “Il faut boycotter cette élection”, a déclaré l'ancien vice-ministre de l'Intérieur au lendemain de la publication de la liste des candidatures validées pour la présidentielle. Le Conseil des gardiens, une institution ultra-conservatrice non élue, a rejeté le dossier du seul réformateur qui possédait quelques chances de contester la victoire à la droite, Mostafa Moïn, présenté par le Front de la participation. Il a validé les candidatures de l'ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani, réputé comme un conservateur pragmatique, de quatre conservateurs durs et d'un réformateur ultra-modéré, Mehdi Karoubi, lui-même un ancien dur. Le jugement du Conseil des gardiens est “injuste, irrationnel et illégal”, a commenté M. Moïn, irrité et frustré comme tout son état-major. Interrogé sur un appel au boycott, M. Moïn s'est contenté de répondre : “Je ne participerai pas au vote.” Quant à dénoncer un “coup d'Etat”, il a répondu que “c'est aux gens de juger si c'en est un”. Les partisans de M. Moïn devraient se réunir jeudi à Téhéran pour décider de la conduite à tenir, ont indiqué des porte-parole de la campagne. Dans un communiqué, le seul réformateur restant en course, Mehdi Karoubi, a dit qu'étant donné la situation du pays et le risque d'une forte abstention, il “s'était attendu que le Conseil des gardiens se garde de disqualifications illégales et que ceux qui ont le système à cœur empêchent la répétition des amères expériences des élections aux 4e et 7e parlements”. “Mais il semble que ces espoirs étaient voués à être déçus.”