Liberté : Chaque fois qu'on soulève la question des migrants, on a ces rapports qui sentent l'acharnement des ONG contre l'Algérie, qu'en pensez-vous ? Pascal Reyntjens : Sur ce long voyage entre le centre de Zéralda et celui de Tamanrasset, je ne peux dire que les mots pouvant aller vers des choses qui ne doivent être que positives. C'est ce besoin de dialogue et de communication entre les uns et les autres, ce besoin d'ouverture qui doit permettre d'avoir le courage d'avancer sur le partenariat international, sur la volonté de pouvoir donner des solutions pour les populations mobiles et pour les migrantes, mais en accord bien évidemment avec les populations d'accueil. Et donc là, ça prend en compte les questions du vivre-ensemble. Quel est le rôle de l'OIM ? L'OIM est une agence des Nations unies qui s'occupe de toutes les questions liées à l'immigration dans le contexte international. Nous avons 169 Etats membres dont le siège est à Genève. Nous comptons plus de 10000 staffs à travers le monde. L'OIM est présent dans 52 pays africains, dont 14 pays de l'Afrique de l'Ouest, et surtout l'Afrique du Nord. Notre rôle est, entre autres, de favoriser le dialogue international, ce dialogue de partenariat. À ce titre, je tiens à préciser que l'Algérie est membre de l'OIM depuis 2001. Je tiens à préciser aussi que l'Algérie nous a ouvert ses portes, notamment avec mon arrivée en 2016. Nous avons ouvert un bureau national avec cette ambition d'avancer sur ce dialogue, sur des questions migratoires qui sont complexes, je le répète, et qui sont variées. Aujourd'hui, on parle d'immigration irrégulière, mais il faut aussi se dire que l'immigration peut être engagée de manière beaucoup plus positive, et là, on parle de l'immigration liée au développement, aux soins de santé et d'échange de bonnes pratiques entre les différents Etats. L'OIM a-t-elle contribué financièrement à la prise en charge des migrants ? En effet, cela s'est fait à travers les différentes aides qui ont été mises en place par les différents Etats membres. L'OIM est en grande partie financée par les différents Etats de la communauté internationale. Nous avons un budget annuel qui dépasse les 2 milliards de dollars et qui permet de mettre en place, d'un côté, l'aide humanitaire directe, et de l'autre, de pouvoir favoriser le dialogue entre les uns et les autres et puis de faire aussi avancer les politiques et les pratiques et les législations en la matière. Il faut savoir que la thématique migratoire n'est pas liée à une législation particulière. L'immigration liée au travail a ses propres textes, l'immigration liée aux études en a d'autres. Pour terminer, la question migratoire est une question de souveraineté nationale qui demande de toute façon une approche internationale, régionale et globale. Propos recueillis par : RABAH KARECHE