Ce prénom féminin fait partie des nouveaux prénoms introduits ces dernières décennies en Algérie. Ce prénom est ancien, puisqu'il a été porté par la Kahina. En fait, cette reine, âme de la résistance berbère à la conquête arabe, porte, selon les historiens, plusieurs noms. Reine berbère du VIIe-VIIIe siècles de l'ère chrétienne, résistante berbère à la conquête arabe. Ibn Khaldoun l'appelle Dihiya-la Kahina (I, 198), Dihiya fille de Tabta fils de Tifân (p. 213). Ailleurs, il indique ses aïeux : Dihiya, fille de Tabeta, fils de Nican (Tifan), fils de Bawra, fils de Maskiri, fils d'Afred, fils de Garaw (III, p. 193). Mais ces noms présentent des difficultés à cause de leur transcription arabe. Ainsi, pour Tifân, par exemple, De Slane, dans sa traduction, le note Niqân, à cause de la confusion des points diacritiques, deux points pour le t et un seul pour n. Tabeta a été corrigé en Matiya (1971). Quant au nom de Dihiya, il serait redevable du verbe berbère adeh, attesté en targui, avec le sens d'"aimer, choyer'' (cf. dans le même parler, le nom de Daha, encore en usage chez les Touareg). Un autre auteur arabe, Ibn Abî Dinâr, la prénomme Damya fille de Yunafiq : ce nom semble latin et pourrait signifier "la maîtresse". C'est peut-être un indice de la religion de la Kahina, qui pourrait être chrétienne. Les noms donnés par Ibn Khaldoun, Tabta, corrigé en Matiya, et Tifân, déformations de Mathieu et Théophane, étaient portés par des chrétiens. C'est pourquoi on a émis l'hypothèse que la Kahina était chrétienne. Nous pensons que, comme Kahina, c'était un surnom par lequel ses partisans, Berbères et Byzantins, la désignaient. La plupart des historiens arabes ne la citent que sous le nom de Kahina, mot signifiant en arabe "prêtresse, devineresse", mais que l'on a aussi voulu rapprocher du punique. Ainsi, selon un auteur moderne, M. Fantar, ce surnom ne lui fut pas attribué par les Arabes. "Elle devait le porter déjà dans son monde berbère (...) Les inscriptions puniques gravées sur des stèles votives ou funéraires nous apprennent que des Carthaginois avaient porté le titre de ‘kohenet' mais avec le sens religieux de prêtresse." Quoi qu'il en soit, la racine du mot kahina, KHN, est sémitique et se retrouve aussi bien en punique, en hébreu qu'en arabe. M. A. Haddadou [email protected]