Si Zénobia a été la reine de Palmyre, la lointaine oasis syrienne, Kahina, qui a vécu aux VIIe-VIIIe siècles de l?ère chrétienne, a été, elle, une reine bien de chez nous. Son nom, qui a fait une timide apparition à l?indépendance, d?abord en Kabylie où le personnage a été pris comme symbole de la lutte des Berbères pour leur indépendance, ensuite dans les Aurès, dont la reine était originaire, puis un peu partout, atteignant même le Maroc. C?est aujourd?hui encore un nom très à la mode. Signalons d?abord que la reine berbère la plus célèbre de l?histoire porte un surnom, Arba, plutôt péjoratif : Kahina «prêtresse, devineresse», d?une racine sémitique KHN (faire des prédictions, dire la bonne aventure). Les historiens musulmans de l?époque médiévale la désignent sous ce sobriquet, mais ils nous donnent aussi son véritable nom et sa filiation : Dayhia, fille de Matiya ben Tifan, ou encore Damiya fille de Yunafiq. On trouve encore Dihiya et Dîyya. Mais avant de passer en revue ces noms, revenons à celui de Kahina. Il n?est pas exclu que la Kahina, comme beaucoup de souveraines de son époque, ait pratiqué la divination, mais ce nom lui a été sans doute donné, également, parce qu?elle combattait. Or, chez les Arabes de l?époque, les femmes, qui accompagnaient les hommes sur les champs de bataille, étaient surtout des devineresses, chargées de prédire l?issue des combats ou d?influer sur eux. Ceci peut donc expliquer le surnom donné à la reine berbère. (à suivre...)