La politique commerciale américaine de Donald Trump a provoqué un vent de colère chez les pays traditionnellement rivaux des Etats-Unis, comme la Chine et la Russie, mais aussi chez les partenaires européens et le voisin canadien. Après le front anti-Trump à la dernière réunion du G7 qui a eu lieu au Canada début juin, la mobilisation se poursuit au niveau européen et asiatique. Les principaux pays de l'Union européenne, également membres de l'Alliance atlantique (Otan), ont décidé de répondre aux taxes américaines contre certains de leur produits, en imposant eux aussi les produits américains. C'est l'Allemagne qui mène le bal, puisque ce sont les constructeurs automobiles, notamment, qui subissent les dégâts de la nouvelle politique américaine qui veut augmenter les droits douaniers sur les voitures étrangères de 20% au moins. Avant une visite, prévue avant la fin du mois de juillet, du commissaire européen Jean-Claude Junker à Washington, dans l'espoir d'apaiser les tensions avec le président américain entre Bruxelles et Washington, rien ne va plus. Car, les Etats membres de l'UE ont décidé de faire cause commune contre les Etats-Unis, y compris dans le dossier du nucléaire iranien, dont l'accord avec Téhéran a été aussi déchiré par Donald Trump, dans le sillage de cette guerre commerciale. Vendredi, à l'issue de la réunion de Vienne entre l'Iran et les grandes puissances (Russie, Chine, Allemagne, France et Grande-Bretagne), ces derniers ont affiché leur unité face au chantage américain dans le dossier iranien, affirmant leur intention ferme de défendre jusqu'au bout leurs intérêts économiques et diplomatiques. De son côté, la Chine n'a pas hésité à saisir l'Organisation mondiale du commerce (OMC), en déposant plusieurs plaintes contre les mesures protectionnistes américaines qui remettent en cause le principe d'un commerce international libre et équitable. Dans l'espace économique nord-américain, les deux pays signataires de l'Accord de libre-échange nord-américain (Alena), le Canada et le Mexique, ont décidé, eux aussi, d'activer sans les Etats-Unis. Le Canada a, d'ailleurs, mis en place depuis le 1er juillet des mesures réciproques en imposant certains produits américains. Mais c'est sur le plan interne que la colère risque d'emporter Donald Trump, y compris parmi les Etats qui l'ont appuyé dans sa course à la présidentielle pour la Maison-Blanche. Le lobby des industriels n'a, d'ailleurs, pas manqué d'afficher à la fois son inquiétude et sa désapprobation face aux taxes imposées par M. Trump sur l'acier et l'aluminium importés, deux matériaux qui entrent dans l'industrie automobile, aérienne et spatiale, dont les Etats-Unis sont un des leaders mondiaux. La Chambre de commerce américaine n'a pas manqué d'avertir contre un effondrement économique aux Etats-Unis, dans une analyse qu'elle a publiée lundi dernier, intitulée "La mauvaise approche", faisant part de l'inquiétude des entreprises américaines installées dans six Etats (Alabama, Michigan, Pennsylvanie, Caroline du Sud, Texas et Wisconsin). Lyès Menacer