RESUMé : Hamid est beaucoup plus détendu qu'elle, même s'il doit les amener chez eux. Nawel ne leur fait pas confiance. Elle est si tendue qu'elle se pique plusieurs fois à la machine. À la pause-déjeuner, elle ne rentre pas. Elle appelle chez elle et ce n'est pas son mari qui répond… Nawel se demande comment elle fera. Dans quatre heures, il lui faudra rentrer chez elle. Elle n'en a aucune envie. Elle est si préoccupée que, parfois, elle interrompt son travail. Sa collègue et amie Houda la pince au bras pour la tirer de ses sombres pensées. Si son responsable la surprend inactive, elle aura des ennuis. - Mets-toi en tête que si tu as des problèmes dans ton mariage, plus que jamais tu as besoin de ce travail, lui dit-elle. - Ce n'est pas avec Hamid. Ma belle-famille est venue, lui confie Nawel, au bord des larmes. Elle va m'en faire voir de toutes les couleurs. - Ce n'est pas définitif. C'est juste pour quelque temps, n'est-ce pas ? - Je les vois mal repartir, lui confie Nawel. Et puis, c'est terrible. Je ne les connais que par des photos. Et… et j'ai un mauvais pressentiment. - Peut-être que tu te trompes ? En faisant ta connaissance, ils risquent de se rendre compte de leurs erreurs, émet Houda. Si tu fais un effort, peut-être même que vous vous entendrez bien. - Dans une autre dimension, peut-être. Mais ici, sur terre, cela ne risque pas d'arriver, réplique Nawel. Si je pouvais, je ne rentrerais jamais à la maison. Elle a l'idée d'appeler Hamid à son bureau une fois qu'elle aura fini avec son travail. Elle l'appelle d'un taxiphone. Quand elle l'entend, elle lui trouve une drôle de voix. - Qu'est-ce qui s'est passé ? - Rien… Le problème, c'est que je ne pourrai pas rentrer tout de suite, dit-il. Je n'ai pas encore fini. - Tu veux dire que je vais rentrer toute seule à la maison ? l'interroge-t-elle, le cœur serré. Mais tu es fou ! - Je suis désolé, dit Hamid dans un soupir. Si je pouvais, je serais déjà dehors. - Est-ce que je peux venir t'attendre ? lui demande-t-elle. - Tu sais bien que je ne travaille pas seul. Tu vas être gênée tout autant que moi. Rentre à la maison, la prie-t-il. Je te rejoins dès que j'en aurai fini. Excuse-moi mais il faut que je raccroche. Nawel sort du taxiphone en traînant les pieds. Elle se sent vide et fatiguée. Depuis hier soir, elle a la sensation que sa vie a pris un tournant et le mauvais. Elle se sent impuissante aussi. Elle ne peut rien faire. À part rentrer chez elle. Mais elle n'en n'a pas la force. Elle traîne d'une rue à une autre. La nuit commence à tomber. Les rues commencent à se vider. Elle n'a pas le choix. Elle est contrainte à rentrer. Elle a l'impression de vivre un mauvais rêve. Elle se voit monter l'escalier du bâtiment, s'arrêter au troisième étage. La porte d'entrée de son appartement est entrouverte. Des bruits et des éclats de rire s'en échappent. Nawel s'approche lentement et elle sursaute quand la porte se ferme alors qu'elle allait entrer. Quelques centimètres de plus et elle l'aurait reçu en plein visage. Elle en tremble. Elle cherche les clefs de l'appartement et quand elle tente d'ouvrir, elle découvre qu'elle est fermée de l'intérieur. La colère monte d'un coup. Elle ne frappe pas à la porte, elle tape du poing longtemps. Et personne ne lui ouvre... (À suivre) A. K. [email protected]