Depuis quelques jours, le siège de la présidence de la République, à El-Mouradia, ne désemplit pas. Des dirigeants politiques, d'anciens ministres et autres personnalités y ont défilé. Dans la discrétion la plus totale, le conseiller spécial du chef de l'Etat, l'ancien ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, qui assure depuis quelques mois la charge de directeur de cabinet en tant que faisant fonction (le poste n'est toujours pas pourvu depuis la nomination d'Ahmed Ouyahia comme Premier ministre), a reçu des chefs de partis politiques, membres de la majorité présidentielle, ainsi que d'ex-cadres supérieurs de l'Etat, dont d'anciens ministres. Dimanche, c'est le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbes, qui a été l'invité de Tayeb Belaïz. Selon des sources dans l'entourage du SG du FLN, les discussions entre les deux hommes ont porté essentiellement sur un remaniement ministériel que le chef de l'Etat entendrait opérer dans un futur proche. "Le secrétaire général du parti a remis une liste de personnalités susceptibles de figurer dans un gouvernement", apprend-on ainsi du côté du FLN. Mais aucun nom n'a filtré. Nos sources ne connaissent également pas le timing de ce changement du gouvernement. À la question de savoir pourquoi est-ce que la présidence de la République mène ces consultations alors qu'elle aurait pu user de sa prérogative régalienne de remanier son gouvernement, notre source explique que "cela s'est toujours passé de la sorte", précisant qu'"auparavant, il n'y avait pas, sinon peu de fuites dans la presse". En mai 2017, avant la composition du premier gouvernement d'Abdelmadjid Tebboune, Abdelmalek Sellal, alors Premier ministre, avait également reçu les chefs de parti de "la majorité". C'est au cours d'une de ces audiences qu'Amara Benyounès, président du MPA, a proposé le nom de Messaoud Benaggoune. Nommé ministre du Tourisme, ce dernier a été limogé quelques heures après. Son nom a également été évoqué lors du remaniement d'août de la même année. Cela dit, Tayeb Belaïz, qui se voit promu à un rôle politique central, a compté parmi ses invités d'autres personnalités que celles appartenant au FLN. Les autres chefs de parti de la majorité, à savoir le RND, le Mouvement populaire algérien, MPA, TAJ et l'ANR, seront également reçus à la présidence de la République pour proposer des noms de militants de leurs partis susceptibles de figurer dans le prochain gouvernement. Certains de ces chefs de parti confirment les tractations en cours à la présidence de la République. Mais comme l'opinion publique, tout le monde semble être pris de court. Les spéculations sur un éventuel remaniement ministériel ont commencé depuis quelques semaines déjà. Dès l'avènement de l'affaire de la cocaïne d'Oran, des informations ont circulé sur un éventuel changement de certains ministres. L'annonce de la nouvelle composante du gouvernement n'interviendra probablement pas avant la rentrée sociale. Sauf urgence, comme c'était le cas l'an dernier lorsque l'ancien Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, a été remplacé en plein mois d'août par Ahmed Ouyahia. Dans les cercles proches des partis de la "majorité", l'on a été, du moins jusqu'à hier, incapable de dire si Ouyahia gardera son poste de Premier ministre ou pas. Contrairement au remaniement intervenu en avril dernier, personne ne parie, dans l'immédiat, sur le départ du Premier ministre qui semble avoir bien consolidé son assise. C'est d'ailleurs lui qui vient de représenter "le président de la République" dans deux grands rendez-vous internationaux. Puis, l'homme, donné pour partant au printemps dernier, s'est même précipité d'annoncer, en juin, son ralliement aux partisans d'une nouvelle candidature du chef de l'Etat lors de la prochaine élection présidentielle. Selon la Constitution révisée en 2016, la nomination du gouvernement intervient après "consultation du parti majoritaire" à l'Assemblée populaire nationale. Théoriquement, cela se fait également "après consultation" du Premier ministre. Ali Boukhlef