à l'approche du congrès extraordinaire du parti, la guerre intestine fait rage au FFS. Alors que le parti, fondé par Aït Ahmed en 1963, a tenté de montrer une relative cohésion après le décès de son zaïm en 2015, le pacte signé entre les différents groupes qui composent le FFS s'est fissuré en avril dernier lorsqu'Ali Laskri avait imposé la tenue d'un congrès extraordinaire. C'était l'occasion pour l'ancien premier secrétaire, soutenu dans les coulisses par le très influent Mohand-Amokrane Chérifi, de démontrer sa capacité à manœuvrer. L'organisation d'une élection – qui n'était pas du tout prévue – pour désigner les membres de l'instance présidentielle du parti a brouillé les pistes des cadres qui géraient le parti dans l'ombre. À commencer par des proches de l'ancien président disparu, Hocine Aït Ahmed. Jugurtha Aït Ahmed, le fils aîné de l'ancien zaïm, militant de l'ombre depuis de longues années, est sorti de l'ombre au décès de son père. Lors de la crise qui a suivi la démission d'Ali Laskri en février dernier, ce journaliste de profession a tenté de peser dans la balance. Il s'était exprimé publiquement contre la tenue d'un congrès extraordinaire. Son avis n'a pas été pris en considération. Mais des militants n'ont pas hésité à critiquer publiquement cette intrusion. Surtout que l'homme n'a aucune responsabilité au sein du parti. "Il s'exprime en tant que militant", défend un de ses soutiens. Quatre mois après cela, Jugurtha Aït Ahmed revient au-devant de la scène. Il publie, sur sa page facebook, un post pour déclarer publiquement son soutien à une autre figure controversée du parti, à savoir la journaliste Salima Ghezali. "(...) Salima Ghezali (...) a été une conseillère politique de mon père, choisie et appréciée par lui pour la finesse de ses analyses, jalousée par quelques apparatchiks sans envergure", écrit Jugurtha Aït Ahmed. Jusque-là, l'adresse peut s'avérer normale. Mais il poursuit sa plaidoirie en suggérant carrément un rôle plus important à la récipiendaire du prix Sakharov. "Elle est la personnalité au sein du parti qui peut garantir et préserver, aujourd'hui, les idéaux et la ligne politique édifiée par Hocine Aït Ahmed", écrit-il. Pour Jugurtha Aït Ahmed, la référence à la "ligne politique" de Hocine Aït Ahmed renvoie, en réalité, à l'évocation, dans la première partie du texte, des "apparatchiks sans envergure". La tirade est destinée à Ali Laskri et son entourage, notamment Mohand-Amokrane Chérifi, que les militants soupçonnent d'être le véritable président du parti depuis quelques mois. "Il y a un putsch au FFS orchestré par les services et exécuté par Chérifi", explique, sans ambages, un ancien haut cadre du parti. À la question de savoir ce que fait Jugurtha Aït Ahmed dans ce débat entre militants du FFS, notre interlocuteur soutient que le journaliste, qui réside et travaille en Suisse, est "juste un témoin" des activités du zaïm disparu. De son côté, Salima Ghezali fait profil bas. Depuis son élection députée d'Alger à l'APN, elle n'a effectué aucune intervention publique, se limitant à d'épisodiques contributions dans le journal du parti Libre Algérie. La dame a longtemps fait partie du "cabinet noir" qui entourait Hocine Aït Ahmed durant de longues années. Mais elle pèche par le manque de relation organique directe avec le parti. Autour du zaïm, elle a longtemps fait équipe avec Jugurtha Aït Ahmed et les Baloul (Aziz et Karim) qui ont un lien familial direct avec Aït Ahmed. Ce qui a procuré au groupe une influence considérable sur les structures du parti. Leur poids était tellement important qu'ils pouvaient même supplanter les décisions des secrétaires nationaux en poste à différentes périodes. En tout cas, la rentrée politique de septembre risque d'apporter une nouvelle purge au sein du parti qui connaît des purges à chaque fois qu'une échéance organique approche. Des noms qui ont marqué la vie de ce parti risquent d'être mis sur la touche. Ali Boukhlef