Rien ne va plus au FFS. La fracture entre les partisans d'Ali Laskri et les membres de l'ancien "cabinet noir" n'a jamais été aussi grande. Après avoir écarté Chafaâ Bouaïche de la présidence du groupe parlementaire du parti, le premier secrétaire national du parti, Mohamed Hadj Djilani, enfonce le clou. Dans un discours prononcé lors d'un congrès extraordinaire de la fédération d'Alger de son parti, il a indiqué que lors d'une précédente étape, le FFS "a été soumis à toutes sortes de manipulations et de complots destinés à le réduire à un simple appareil contrôlable et récupérable". Le discours de Hadj Djilani fait directement allusion à la période où le "cabinet noir", constitué essentiellement d'Aziz et Karim Baloul et de Salima Ghezali, avait la haute main sur le parti. C'était la période où, après le décès de Hocine Aït Ahmed, on prêtait aux responsables du parti une volonté de s'approcher du pouvoir à travers l'initiative du "consensus national" dont les contours n'ont jamais été précisés. Selon l'actuel premier secrétaire national, cette ère est révolue. Désormais, "grâce à la vigilance et à la solidarité de sa base militante responsable et à son crédit auprès de la population", le FFS a pu "prendre des décisions salvatrices et préserver son autonomie, sa vision et ses principes". Dans le même discours, Hadj Djilani rappelle les propos très durs tenus par Ali Laskri, quelques jours seulement après la tenue du congrès extraordinaire en avril dernier. "La feuille de route de l'instance présidentielle insiste sur la restitution du parti aux militants", rappelle le premier secrétaire national du parti faisant écho aux allégations du membre de l'instance présidentielle. Dans le sillage de ce "retour aux militants", l'instance présidentielle, qui préfère ne pas s'afficher publiquement, commence à faire le ménage. Mohand-Amokrane Chérifi, désormais affranchi du contrôle des Baloul, peut s'appuyer sur Ali Laskri et Hadj Djilani pour "bien préparer le congrès ordinaire" qui aura lieu au printemps 2019. Car, selon des cadres du parti, c'est bien cette échéance organique qui intéresse l'actuelle direction du parti. Le congrès de 2019 revêt en effet un caractère capital. Ce sera le premier à être organisé après le décès de Hocine Aït Ahmed en décembre 2015. Ce sera l'occasion de changer profondément les statuts du parti. Certains cadres du parti veulent d'ailleurs la réintroduction du poste de président du parti. Un poste-clé supprimé, en 2013, dans le sillage du retrait du leader historique, Hocine Aït Ahmed. À défaut d'un programme politique précis, l'actuelle direction du FFS dépoussière l'initiative du "consensus national". Lancée en 2014 pour tenter de se démarquer des autres démarches de l'opposition, cette offre de dialogue destinée à toute la classe politique a "échoué", de l'aveu même de cadres du parti. Des proches de l'ancienne direction accusent Mohand-Amokrane Chérifi et Ali Laskri de chercher à "se rapprocher du pouvoir" à travers la relance de cette initiative. Selon des sources internes au FFS, le groupe d'Ali Laskri et Mohand-Amokrane Chérifi a "concocté un coup d'Etat" au sein du parti. L'objectif étant d'écarter tous "les proches de Hocine Aït Ahmed". Un député est allé plus loin. Selon lui, Ali Laskri n'aurait jamais admis le fait de ne pas être désigné lui-même chef du groupe parlementaire. Une simple question d'ego, donc ? Pas tant que cela. Dans les couloirs du siège national du parti, on évoque de plus en plus la possibilité d'une nouvelle purge dans les rangs du plus vieux parti de l'opposition. Une éventualité qui affaiblira davantage le parti. Ali Boukhlef