La sixième session du Comité bilatéral frontalier a été l'occasion de réaffirmer le refus de l'Algérie d'accueillir sur son sol des centres de rétention pour migrants. Le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Noureddine Bedoui, a appelé, hier, à l'intensification de la coopération sécuritaire dans les pays du Sahel, dans le cadre du Comité d'état-major opérationnel conjoint (Cemoc), dans l'allocution d'ouverture des travaux de la sixième session du Comité bilatéral frontalier algéro-nigérien (CBF) à Alger. "Il n'y a pas de doute que nous partageons les mêmes préoccupations concernant la situation régionale actuelle et les multiples menaces qui pèsent lourdement sur notre région, en l'occurrence le terrorisme, le crime organisé transnational et l'immigration clandestine", a-t-il déclaré dans son discours, rappelant, à ce titre, que la rencontre d'hier coïncide avec la poursuite de la dégradation de la situation sécuritaire dans tout le Sahel. "Cela appelle à intensifier la coordination sécuritaire entre les pays du Sahel dans le cadre du Cemoc", a-t-il expliqué, rappelant que l'Algérie partage avec ses voisins près d'un millier de kilomètres de frontières terrestres. "Face à ces menaces, le renforcement de la coopération frontalière demeure le chemin efficace pour répondre au double objectif : la sécurité et le développement", a indiqué M. Bedoui, insistant sur l'urgence et la nécessaire prise en charge de la jeunesse des pays de la région, cette catégorie étant majoritaire et la plus vulnérable face aux réseaux de trafics de migrants, des groupes terroristes et du crime organisé. "C'est parce que nous partageons plus de 950 km de frontières terrestres que nous accordons un intérêt particulier pour la sécurité et le développement de nos régions frontalières communes. Les défis et les menaces au niveau des zones frontalières nous imposent l'unification de nos efforts pour une nouvelle dynamique des mécanismes de coopération entre nos deux pays", a-t-il déclaré à l'adresse de la délégation nigérienne. Abordant justement les crises sécuritaires et migratoires, des problématiques étroitement liées, Noureddine Bedoui a saisi l'occasion pour réaffirmer le refus de l'Algérie du plan de lutte proposé par l'Union européenne pour endiguer le flux de migrants vers l'Europe et mettre fin à la tragédie des noyades en mer Méditerranée. "Je pense que nous avons été clairs", a tranché le ministre de l'Intérieur, en réponse à la question des journalistes concernant l'implantation en Algérie de centres de rétention pour migrants, comme l'ont demandé les pays de l'Union européenne qui proposent en contrepartie une compensation financière pour les pays d'Afrique du Nord — dont la Tunisie et la Libye — qui, eux aussi, ont signifié une fin de non-recevoir à cette demande. La position algérienne "est connue car elle a été affichée par le ministre des Affaires étrangères (Abdelkader Messahel, ndlr)", a rappelé M. Bedoui, avant d'ajouter : "Nous déployons beaucoup de moyens et nous prenons beaucoup de mesures dans un cadre humanitaire conforme aux valeurs universelles et internationales." Pour rappel, M. Messahel a expliqué en juin dernier, dans un entretien qu'il a accordé à la radio publique française RFI, qu'"il est exclu que l'Algérie ouvre une quelconque zone de rétention" pour les migrants que l'UE veut refouler vers les pays d'Afrique du Nord. Lyès Menacer