Dans la version française de son rapport de services pour les consultations au titre de l'article IV, le FMI souligne que dans le scénario de référence, qui se fonde sur les politiques annoncées par les autorités, l'économie avance sur une voie étroite, avec une croissance atone et une inflation élevée. Le FMI estime que la nouvelle stratégie du gouvernement comporte de sérieux risques. "Dans un environnement où les aléas extérieurs risquent d'entraîner une révision à la baisse des perspectives, la nouvelle stratégie pourrait exacerber encore les déséquilibres macroéconomiques, voire les tensions sociales", prévoit le Fonds monétaire. Pour l'institution de Bretton Woods, la démarche du gouvernement pourrait compliquer la gestion macroéconomique. "Si les autorités demandent de façon répétée des injections de liquidités, la capacité de la Banque d'Algérie à maîtriser les conditions monétaires et à assurer la stabilité des prix s'en trouvera compromise et son bilan en sera affaibli. Cette situation, combinée au nouveau rôle de suivi des réformes structurelles qui vient d'être confié à la Banque centrale, mettrait encore plus à mal son indépendance de fait", explique le FMI, qui évoque aussi le risque de tensions inflationnistes. "Faute de stérilisation adéquate, l'augmentation de la liquidité relèverait la richesse nominale, perçue ou réelle, et stimulerait la demande, ce qui se traduirait par une hausse des prix à court terme en raison de l'insuffisance de l'offre intérieure et des possibilités d'épargne", indique le rapport. Dans le même temps, le durcissement des barrières à l'importation risquerait d'alimenter les pressions inflationnistes en réduisant l'offre — voire en débouchant sur des pénuries pour certains produits. Le FMI pointe, également, les pressions sur les réserves de change. "En raison du peu de flexibilité de l'offre intérieure, tout au moins à court terme, les injections de liquidités alimenteront la demande d'importations. La réponse à cette demande dépendra de l'efficacité des nouvelles barrières commerciales, mais les tensions qui ne pourront être apaisées via la balance des paiements (ce qui entraînerait une baisse encore plus importante des réserves) viendront alimenter davantage l'inflation", soutient le FMI. À mesure que les réserves de change diminueront, les tensions exercées sur le taux de change augmenteront. "La probabilité d'assister à une dépréciation marquée du taux de change intensifierait la demande de devises sur le marché parallèle, ce qui encouragerait encore la recherche de rente", avertit le FMI, pour qui la démarche du gouvernement pourrait nuire à la croissance. "L'expansion budgétaire donnera initialement un coup d'accélérateur à l'activité économique. Mais celui-ci sera probablement de courte durée, non seulement en raison de l'assainissement des finances publiques programmé pour la suite, mais aussi du fait que, compte tenu des entraves considérables au développement du secteur privé, les injections de liquidités profiteront principalement à la consommation et non à l'investissement", analysent les services du FMI. La hausse de l'inflation pourrait réduire progressivement l'efficience économique et dissuader les investisseurs. Selon le rapport, le gouvernement reconnaît que leur policy-mix comporte des risques, mais pense être à même de limiter le financement monétaire et de maîtriser les risques associés. Il considère que la Banque centrale sera en mesure de stériliser une part suffisante de la liquidité injectée au moyen du financement monétaire et que, par conséquent, une accélération de la croissance du crédit et de l'inflation est peu probable. Meziane Rabhi.