Les protestataires affirment avoir décidé de poursuivre leur action par l'organisation prochaine d'un autre rassemblement régional à l'ouest du pays et une rencontre nationale dans la capitale. Près d'un millier de retraités, radiés, invalides de l'ANP, issus des différentes wilayas de l'est du pays, ont manifesté, hier, à Constantine, pour revendiquer des droits sociaux notamment et exiger de la tutelle, le ministère de la Défense nationale en l'occurrence, d'ouvrir un dialogue serein pour répondre progressivement aux 37 points contenus dans leur plateforme de revendications. Le rassemblement, entamé dès 9h au centre-ville sous haute surveillance policière, n'a pas connu de heurts après les promesses des responsables des services de sécurité de procéder à la libération des meneurs du mouvement de protestation arrêtés, avant même qu'ils puissent rejoindre le lieu de rendez-vous du rassemblement. Il s'agit, en effet, du coordinateur national des retraités, invalides, radiés et ayants droit de l'ANP, du coordinateur pour la région Est du pays et celui de la wilaya de Constantine, conduits depuis un café de la ville vers le troisième arrondissement de police. Et des arrestations, plusieurs dizaines, selon les manifestants, ont été opérées aux différents barrages de police dressés, tôt le matin, autour de la ville. Des interpellations qui ont concerné des adhérents de la coordination, venus de Mila, de Jijel, de Tébessa et d'autres wilayas de l'Est. Le rassemblement s'est aussitôt transformé en une menace de marche vers le siège du commandement de la Ve Région militaire si les manifestants arrêtés n'étaient pas libérés. Demande exaucée après moult palabres mais une marche symbolique est organisée tout de même via l'avenue Rahman-Achour (ex-Bardo) vers la gare routière Est, toujours sous haute escorte. Vers 12h les responsables de la coordination sont relâchés. D'emblée, ils tiendront à témoigner que l'attitude des policiers durant leur bref séjour au commissariat était exemplaire. Bessaf Merouan, le coordinateur national des retraités, invalides, radiés et ayants droit de l'ANP expliquera qu'après le rassemblement national tenu aux Sablettes à Alger le 16 juillet dernier, ce nouveau regroupement régional à Constantine avait pour objectif de réaffirmer la détermination de ces catégories de personnes de poursuivre leurs revendications concernant "des droits légitimes qui sont les leurs, après l'abandon par la tutelle de ses engagements envers ces derniers. Des catégories dont les souffrances sont accentuées par la partialité dans l'application des lois et décrets qui reconnaissent ces droits mais qui n'ont jamais été appliqués. Ce qui nous a poussés à recourir aux manifestations de rue pour les arracher". Il citera l'exemple des 5 400 DA octroyés aux parents des victimes de la lutte antiterroriste et des 20 000 DA pour les veuves alors que les retraités qui ont accompli entre 15 et 25 ans de service, continuent de toucher 27 000 DA par mois avec des différences entre retraités d'avant et après 2011. "Nous avons tenu une rencontre avec les représentants du MDN mais sans résultat car ce n'était pas une rencontre officielle et les revendications n'ont pas été enregistrées alors que nous avons décelé une volonté chez la tutelle de fuir ses responsabilités. Nous avons pris alors la décision de poursuivre ces rassemblements car nous prévoyons d'organiser prochainement un autre rassemblement régional à l'ouest du pays et une rencontre nationale dans la capitale de tous les Algériens pour faire entendre notre voix à la tutelle, à l'opinion publique, aux médias et à la société civile", dira-t-il. Pour le coordinateur de l'Est, Aïssa Bouzrar, "ce qui nous a fait sortir dans la rue est la quête d'une vie digne, mais auparavant, c'était pour exiger la libération des responsables de notre coordination emprisonnés abusivement, Hassini Ammar (Ammar el-Béri) et Saïdi Abdelaziz qui ont été enlevés sur la route et incarcérés, eux qui ont combattu pour la sauvegarde de la République au moment où un chef de gouvernement accueillait en personnalité nationale un ex-chef terroriste, Madani Mezrag, en l'occurrence". Le représentant national des radiés de l'armée auprès de la coordination, Chamekh Aïssa, qui parle au nom de 36 000 soldats radiés à l'échelle nationale, a, pour sa part, estimé que ces derniers sont considérés comme des criminels ou encore des valets de "la main étrangère". Il sollicite la tutelle pour trouver une formule pour leur réhabilitation comme elle l'a fait pour les rappelés. Kamel Ghimouze