Les deux représentants des contestataires avaient fait l'objet d'une arrestation pour le moins spectaculaire à l'occasion d'une marche nocturne organisée durant le Ramadhan dernier à Sétif. Les retraités de l'Armée nationale populaire (ANP) sont, de nouveau, revenus à la charge hier en observant des rassemblements de protestation devant les sièges des secteurs militaires des 48 wilayas, pour, cette fois-ci, réclamer la libération de leurs délégués nationaux, en l'occurrence Aziz Saïdi de Tipasa et Amar Hassini dit "Al-Biri" de Khenchela, tous deux arrêtés durant le Ramadhan dernier et emprisonnés depuis. Contacté par téléphone hier, le vice-coordinateur de la daïra d'El-Amra dans la wilaya d'Aïn Defla, de la coordination nationale des retraités, des invalides et des radiés de l'ANP, Rachid Hamatit, regrette, en effet, ce qu'il qualifie d'"arrestation et d'emprisonnement arbitraire" des deux délégués "sans même être jugés". Une arrestation que M. Hamatit n'hésite d'ailleurs pas à assimiler à un "kidnapping". Les deux délégués en question, faut-il le rappeler, avaient fait l'objet d'une arrestation pour le moins spectaculaire à l'occasion d'une marche nocturne organisée durant le Ramadhan dernier à Sétif, alors que plusieurs autres manifestants ont été réprimés et tabassés par les forces de l'ordre. Des scènes similaires se sont déjà produites auparavant, plus particulièrement à l'occasion de la grande marche des mêmes militaires retraités qui s'était ébranlée, le 21 mai dernier, de Boumerdès vers Alger. Cette frange de l'ANP, estimée à quelque 500 000 individus, victimes pour la plupart de la décennie noire, réclame, entre autres, la révision à la hausse de leur pension de retraite, la revalorisation des primes de blessures, l'accès à des droits sociaux, tels que le logement, une meilleure prise en charge médicale des éléments victimes de la tragédie des années 1990 ou encore l'instauration d'une pension décente au profit des veuves des éléments ayant payé de leur vie la lutte contre le terrorisme. Des revendications quasiment toutes citées dans la charte pour la paix et la réconciliation adoptée depuis 2006, mais dont l'application, dénoncent-ils, fait encore défaut. Il convient de signaler que cette frange de l'ANP s'estimant ainsi "lésée" est soutenue dans son élan par les membres des familles des soldats tombés en "martyrs" durant la décennie noire. La coordination des retraités de l'ANP ne compte pas baisser les bras avant la satisfaction de la plateforme de revendications et la réhabilitation de l'ensemble des éléments lésés. Elle n'écarte pas ainsi le recours à d'autres actions dans les jours à venir. Farid Abdeladim