Le défi sécuritaire constitue un des sujets de la campagne électorale malienne, marquée par une recrudescence des attaques terroristes dans le centre et le nord-est du pays. Près de 7 millions d'électeurs se dirigeront demain aux urnes pour l'élection du prochain président au Mali, alors que Bamako n'est toujours pas sorti de la zone rouge de l'instabilité politico-sécuritaire qui prévaut dans le pays depuis 2012. Le président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, donné favori de ce scrutin à deux tours, affrontera Soumaïla Cissé, le leader de l'opposition, et 15 autres candidats. Cette présidentielle a la particularité de se dérouler dans un contexte sécuritaire délétère, en raison de la persistance des violences terroristes qui touchent principalement le centre et le nord du pays, en dépit de la présence des soldats français de l'opération Barkhane et de la force de maintien de la paix de l'ONU (Minusma). La mise en place, récemment, de la force multinationale G5 Sahel (Mali, Niger, Tchad, Burkina Faso et Mauritanie) butte encore sur le problème du financement, de son équipement et la difficulté de couvrir un territoire aussi vaste que la bande sahélo-saharienne avec seulement 5000 soldats. Ce qui explique, en partie, la facilité avec laquelle sont commis les attentats terroristes qui visent régulièrement les camps des forces citées précédemment, tuant parfois plusieurs soldats et provoquant d'importants dégâts matériels. Mais ces violences terroristes sont aussi le fait de la difficulté à mettre sérieusement en œuvre l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger et soutenu par les Nations unies. Les candidats à la présidentielle de demain auront, en effet, cette lourde tâche d'assurer la continuité de la mise en œuvre de cet accord, conclu en mai-juin 2015, après 2 ans de discussions au Burkina Faso et en Algérie. Une partie des Maliens demeure opposée à cet accord qui constitue, pourtant, le seul cadre légal pour le retour de l'ordre institutionnel dans le nord du Mali et une garantie pour le développement socioéconomique de cette région, sous l'emprise des groupes terroristes, des réseaux de trafics de drogue, d'armes et de migrants. Certes, des avancées ont été enregistrées, grâce aux efforts des parties en conflit et de l'aide internationale. Mais l'essentiel reste à faire, notamment le retour des réfugiés maliens de Mauritanie, du Niger et du Burkina Faso. C'est en cela que la réélection d'IBK est perçue comme un gage de continuité dans l'application de l'accord de paix par de nombreux observateurs et commentateurs au Mali. Pourtant, cela ne lui garantit pas la victoire, car il y a aussi des déçus dans son propre camp qui estiment qu'IBK n'a pas été à la hauteur de ses engagements concernant les promesses de développement de la partie sud du pays. Cela dit, l'enjeu sécuritaire demeure une des clés de cette présidentielle malienne qui se déroule dans la crainte d'actions terroristes, y compris à Bamako, où le dispositif sécuritaire a été renforcé depuis plusieurs mois après la série d'attaques terroristes qui ont ciblé la capitale malienne et les autres capitales des pays du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest. Lyès Menacer