La Direction du commerce d'Oran s'apprête à mettre en vente aux enchères le dernier lot de viande importée par Kamel Chikhi, alias "El-Bouchi", saisi au port d'Oran à bord du "Vega Mercury" dans l'affaire des 701 kg de cocaïne. Malgré les appels de l'Association algérienne de la protection du consommateur (Apoce) à éviter de mettre cette viande sur le marché, la Direction du commerce d'Oran devrait donc mettre en vente le dernier lot de près de 140 tonnes de viande fraîche en début de semaine. Rappelons que l'Apoce s'était focalisée sur cette viande en lançant une alerte sur les réseaux sociaux, indiquant que la date de péremption de cette marchandise estimée à 350 tonnes est le 4 juillet dernier. Dans cette période de grandes chaleurs et sachant que la chaîne du froid n'est pas totalement respectée par nombre de nos bouchers, cette viande périssable pourrait être à l'origine d'un problème sanitaire sérieux, estime-t-on. Selon M. Belarbi, directeur du commerce de la wilaya d'Oran, la viande saisie est propre à la consommation. Il précise, d'ailleurs, que la date de péremption de ces lots de viande n'interviendra qu'en septembre 2019. Il a annoncé que cette mise en vente aux enchères a été entamée le 23 juillet dernier, à l'issue de plusieurs lots, dont un de 120 tonnes, adjugé à 78 millions de dinars, puis un de 55 tonnes, pour 43 millions de dinars, puis près de 21 tonnes pour 16 millions de dinars. Nonobstant cette polémique de viande avariée, et à en juger par les remous qui ont secoué ces enchères, les acheteurs seront très nombreux pour ce quatrième et dernier lot, et cette enchère viendra renflouer les caisses du Trésor public de plus de 200 millions de dinars. "Il y a eu une procédure expéditive pour la vente aux enchères de cette viande. La justice aurait saisi les services des Domaines pour l'organisation de cette opération", révèle la même source. Cela dit, les inquiétudes sont néanmoins fondées si l'on doit tenir compte de la chaîne du froid qui n'aurait pas été respectée pour une partie de cette viande "fraîche" lors de l'opération de fouille, au port d'Oran, pour trouver les 7 quintaux de cocaïne qui étaient dissimulés à l'intérieur des containers. L'information de cette vente aux enchères publiques est confirmée par des sources crédibles à Oran qui confient qu'une procédure d'urgence avait été menée pour la commercialisation de cette marchandise. Il convient de rappeler que la qualité et la conformité du "label halal" de cette viande avait suscité, par ailleurs, la méfiance des consommateurs. La polémique sur la traçabilité et la conformité halal des viandes importées des pays d'Amérique latine avait même été relancée sur les réseaux sociaux après le scandale de la saisie de la cocaïne et les dernières évolutions de l'enquête judiciaire. De ce fait, les journalistes, qui avaient bénéficié, en 2014, d'un voyage organisé au Brésil, financé par "El-Bouchi", pour infirmer la rumeur publique, avaient été entendus à Alger, dans le cadre de l'affaire de la cocaïne. La question que se pose l'opinion publique est de savoir si un baron de la drogue, qui importe de grandes quantités de cocaïne, peut se soucier de la conformité halal de la viande. Hadj Hamdouche