Les toiles du plasticien s'invitent à l'hôtel Sofitel d'Alger pour une immersion dans l'univers du soufisme et de la féminité. Saïd Debladji, sans s'éloigner des thèmes qui lui tiennent à cœur, change de format et de techniques pour cette exposition qui durera jusqu'au 24 août. L'artiste peintre mostaganémois Saïd Debladji présente, depuis le 24 juillet à l'hôtel Sofitel Hamma-Garden (Alger), son exposition picturale "Transe", où il esquisse la féminité, les traditions, la virilité, aussi celles de nos aïeux, fiers de leur terre et de leur héritage. Entre l'expressionnisme et l'abstrait qu'il a choisi de réunir, Debladji laisse libre cours à son imagination, centrée en grande partie sur le corps de la femme, qu'elle soit autour de la meïda, dans les gynécées ou lors des fêtes. L'âme et la matière sont le fil conducteur des œuvres du professeur de l'histoire de l'art à Mostaganem. Fasciné par la tradition soufie, il intègre ce côté spirituel dans ses toiles. Il nous dit à ce propos, lors du vernissage de son exposition : "Le soufisme est un univers qui m'a permis de découvrir un monde parallèle, parce que, quand on entre en transe, on est ailleurs. Mais ce n'est pas la transe elle-même qui m'a attiré, ce sont plutôt les senteurs et les couleurs, très présentes dans l'univers des marabouts dont je m'inspire." Sans s'inscrire dans une démarche féministe, le peintre tente de ressusciter la tradition matriarcale de notre société d'antan. Quoi de plus parlant qu'une toile, aux couleurs et formes différentes, mettant en avant des femmes de tous les âges, de toutes les morphologies, pour cristalliser ces moments que la mémoire du plasticien ne veut pas oublier. Toujours en rapport avec la spiritualité, des mouvements de transe, de nomadisme, des confréries gnawa du nord sont aussi représentés, dans des mouvements et des couleurs qui paraissent tout droit sortis des songes de l'artiste. "Je peins un monde irréel et je ne me projette pas dans le futur, mais dans le présent", dira-t-il à propos de sa peinture, qui reste ancrée dans le quotidien, réminiscent toutefois d'un temps révolu, qu'il tente de revivifier. Si, côté technique, Debladji s'essaye au cocktail expressionniste-abstrait pour ses toiles, côté dimensions aussi, c'est différent. Exit les grands formats sur lesquels il a l'habitude de peindre ; pour cette exposition, il a choisi les petits formats, afin d'expérimenter et de "vivre une autre expérience picturale" tout en rendant hommage à quelques peintres occidentaux, comme Delacroix, avec le tableau Femmes d'Alger, qui sont ici détruits, puis reconstruits, avec une touche plus moderne et plus "algérienne". À noter que Saïd Debladji présentera son exposition "Blue Line" (ligne bleue) dès la rentrée, avec les artistes peintres Hachemi Ameur et Slimane Cherif, au Musée d'art moderne d'Oran (Mamo). Yasmine Azzouz