Depuis samedi dernier, tous les regard sont braqués sur le secteur de l'enseignement paralysé dès le premier jour de la rentrée des vacances d'hiver par une grève qui s'élargit et risque au demeurant de s'inscrire dans la durée. “Cette fois est possiblement la meilleure”, espèrent les enseignants qui comptent énormément sur le mouvement qui prend effet pour faire aboutir les multiples revendications restées lettre morte depuis de longues années. En somme, le mécontentement des travailleurs de ce secteur n'est pas né hier, mais il s'est aiguisé, doit-on le souligner, depuis les dernières augmentations se bornant aux indemnités de documentation, qualifiées de honteuses et de ce fait n'ont guère manqué de faire déborder le vase. À cela s'ajoutent les promesses non tenues des responsables de l'académie et particulièrement ceux du directeur de l'éducation de la wilaya de Bouira qui s'est engagé personnellement et à travers un document écrit de verser tous les dus des enseignants (rappels, allocations familiales, primes de scolarité…) avant le 31 de l'année écoulée. Un engagement qui s'avère donc et au grand dam des travailleurs de l'éducation nul et sans effet jusqu'à présent. D'autant plus que le pécule était très attendu pour agrémenter les vacances et les dépenses de fin d'année. C'est dans ce contexte de colère que la flamme du débrayage s'est déclenchée comme une traînée de poudre pour atteindre presque tous les établissement du chef-lieu de wilaya au premier jour de la rentrée. Depuis, deux réunions regroupant les représentants des enseignants se sont successivement tenues au niveau du lycée Krim-Belkacem dans la ville de Bouira. Lors de la dernière rencontre élargie aux représentants venus des quatre coins de la wilaya et qui a eu lieu le dimanche dernier, une coordination représentative a fini par voir le jour et un bureau composé de quatre enseignants des différents paliers fut ainsi désigné pour prendre langue avec les responsables de la tutelle. Les interventions et les débats parfois houleux qui ont eu lieu ce jour-là entre la centaine de personnes qui avait pris part à ce rendez-vous avaient mis en exergue une somme de doléances et de préoccupations pour lesquelles tous les présents étaient déterminés à défendre sans relâche jusqu'à leur satisfaction. La décentralisation de la paie, l'application du statut particulier de l'enseignant et des travailleurs de l'éducation en général, faire profiter tous les enseignants des bienfaits des œuvres sociales de l'éducation, un organisme parrainé jusque-là par l'UGTA, le logement social pour l'enseignant et plusieurs autres points touchant à la dignité de l'éducation ont été néanmoins soulevés au cours des travaux qui ont marqué cette deuxième journée de grève. Les intervenants sont revenus longuement sur l'attitude méprisante des responsables et leurs promesses non tenues. Il faut noter dans ce cadre que de nombreuses promesses ont été faites, l'année dernière, par la direction de l'éducation et par l'actuel wali de Bouira concernant le logement au profit de l'enseignant (LSP, location-vente) mais à ce jour rien n'a été entrepris. On notera aussi la forte présence des représentants des travailleurs qui étaient venus se joindre au mouvement et expliquer la déliquescence dans laquelle se vautre cette catégorie de travailleurs ridiculement rémunérée. Avant de se quitter les participants ont réitéré le principe de maintenir la grève ouverte jusqu'à nouvel ordre. Une autre réunion, la troisième du genre, est programmée pour ce mercredi au lycée polyvalent du chef-lieu de la wilaya et les délégués des différentes daïras qui auront à discuter de l'évolution des choses. Au sein de la direction de l'éducation, une cellule de crise a été mise sur pied pour gérer la situation. On a fait circuler que la fameuse disquette des salaires des travailleurs a été bel et bien déposée chez le trésorier, mais cela importe peu rétorquent les intéressés qui aspirent aller au-delà du circonstanciel. R. S.