Confrontée à une nouvelle politique commerciale protectionniste des Etats-Unis, l'Union européenne ne veut rien céder sur le dossier de l'Accord sur le nucléaire iranien. À la veille de l'entrée en vigueur d'une nouvelle batterie de sanctions américaines contre l'Iran, l'Union européenne est sortie de sa réserve en annonçant son intention de défendre ses intérêts et ceux des entreprises européennes, après le retrait des Etats-Unis de l'Accord sur le nucléaire, à l'origine des tensions entre Washington, Téhéran et Bruxelles. "Nous sommes déterminés à protéger les opérateurs économiques européens engagés dans des affaires légitimes avec l'Iran, conformément à la législation de l'UE et à la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies", lit-on dans la déclaration conjointe de la cheffe de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini et des ministres des Affaires étrangères français, (Jean-Yves Le Drian), allemand (Heiko Maas) et britannique (Jeremy Hunt). "La levée des sanctions liées au nucléaire est une partie essentielle de l'accord : elle vise à avoir un impact positif non seulement sur les relations commerciales et économiques avec l'Iran, mais surtout sur la vie du peuple iranien", estiment les Européens qui ne manquent pas d'exprimer leurs regrets face au retrait américain du Plan global commun (PAGC, accord sur le nucléaire). "Nous regrettons profondément la réimposition de sanctions par les Etats-Unis en raison du retrait de ces derniers du Plan d'action global commun", lit-on encore dans la déclaration de l'UE qui estime que "le PAGC fonctionne et réalise son objectif, à savoir veiller à ce que le programme iranien reste exclusivement pacifique, comme l'a confirmé l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) dans 11 rapports consécutifs". Pour Bruxelles, cet accord est "un élément clé de l'architecture mondiale de non-prolifération nucléaire, cruciale pour la sécurité de l'Europe, de la région et du monde entier", soulignant que "préserver l'accord nucléaire avec l'Iran consiste à respecter les accords internationaux et est une question de sécurité internationale". Pour leur part, les Iraniens ont affirmé hier que le président des Etats-Unis est isolé, aux côtés de ses deux alliés dans le Proche-Orient, le prince héritier saoudien Mohammed Ben Selmane et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. "Aujourd'hui, le monde entier a déclaré qu'il n'était plus en phase avec la politique américaine contre l'Iran", a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif dans un discours, cité par l'agence de presse iranienne Isna. "Parlez à n'importe qui, n'importe où dans le monde et on vous dira que Netanyahu, Trump et Mohammed Ben Salmane (le prince héritier saoudien) sont isolés, pas l'Iran", a-t-il lancé. Pour rappel, les Iraniens ont rejeté tout éventuel dialogue avec le président des Etats-Unis sans la levée de ces sanctions et le retour de Washington à l'Accord sur le nucléaire. Lyès Menacer