Pour la patronne du PT, l'élection d'une assemblée constituante demeure l'unique solution "positive et démocratique" pour mettre fin à l'"anarchie" et permettre au peuple d'exercer sa souveraineté. Une autre note vient s'ajouter à la partition contre l'initiative de "consensus national" d'Abderrezak Makri. Après le FFS, le RCD et les partis du pouvoir, c'est au tour du PT d'exprimer, de façon diplomatique, son rejet de cette initiative qui prône la transition. Dans une allocution prononcée hier à l'ouverture des travaux du bureau de la wilaya d'Alger du parti, la secrétaire générale, Louisa Hanoune, a de nouveau réitéré son refus de la "transition", même si elle soutient consentir à mener des actions conjoncturelles avec les partis "quelle que soit leur orientation idéologique" sur des questions "précises". Elle qualifie, rien de moins, de "foire annuelle" et de "vente aux enchères publiques sans acquéreurs" les initiatives politiques qui se multiplient ces dernières semaines. "Le PT est prêt à mener des actions conjoncturelles avec les partis quelle que soit leur orientation idéologique, ou des organisations syndicales autour des questions nationales et internationales précises. Cela dit, le PT ne peut être enfermé dans une logique d'appareils d'autant plus que nos positions sont claires", a affirmé Louisa Hanoune. "On respecte les partis et toutes les initiatives. Et il est dans le rôle des partis de prendre des initiatives, mais trop d'initiatives tuent l'initiative. Cela ressemble à une foire annuelle et une vente aux enchères publiques en l'absence d'acheteurs et d'acquéreurs, car on ne sait pas qui est l'acheteur et qui est l'acquéreur", a-t-elle ironisé. Selon elle, cette multiplication d'initiatives "rajoute à la confusion et à la pression surfaite". Elle relève même, a priori, quelques incongruités dans la démarche du MSP. "Le concept même de consensus est un piège", dit-elle. "Comment un parti au pouvoir, qui soutient toutes les politiques et décisions impopulaires qui ont ruiné le pays et propagé la corruption, peut-il s'entendre avec un parti qui s'oppose à cette politique ? Comment un parti, arrivé au pouvoir en truquant les élections, peut-il s'entendre avec un parti d'opposition ? Comment un parti de droite peut-il se mettre d'accord avec un parti de gauche, notamment sur les questions économiques et sociales ? Comment un parti, qui milite pour le maintien du statu quo, peut-il adhérer à une initiative qui aspire à provoquer un changement, même limité et biaisé ?", s'interroge-t-il, avant d'estimer, à propos du rejet exprimé par le RND et le FLN, qu'il est "tout à fait normal que les partis du pouvoir refusent toute initiative qui remet en cause leur hégémonie et le système qui la leur garantit". Cap sur l'assemblée constituante En attendant que le BP du parti tranche la question de l'invitation lancée par le MSP au PT, Louisa Hanoune tient à rappeler que la priorité du parti est la campagne, lancée depuis quelques mois, qui a recueilli des milliers de signatures et qualifiée de "réussite", en faveur de la convocation d'une assemblée constituante. "Notre démarche n'entre pas dans le cadre des initiatives lancées par des dirigeants de parti en s'adressant à d'autres responsables de parti, des syndicats ou des personnalités. On a préféré s'adresser directement aux citoyens. Notre démarche respecte la souveraineté populaire afin que le peuple puisse décider lui-même de mettre en place un système démocratique à la place du système en place (...)" Pour Louisa Hanoune, il faut une recomposition politique pour en finir avec le système hérité du parti unique, devenu un "danger pour l'Etat et la nation". "Pour nous, le respect de la souveraineté populaire est le garant essentiel pour la défense de la souveraineté du pays. Une souveraineté populaire qui permettra de mettre en place un gouvernement responsable devant les élus véritables du peuple. Il ne faut pas tromper le peuple en essayant de le convaincre qu'il est encore possible de réformer le système de l'intérieur. C'est impossible. C'est la majorité du peuple qui dégage les décisions et orientations politiques, économiques, sociales et culturelles, consensuelles", soutient-elle. "Notre démarche aspire à lancer un vrai débat qui transcende les partis et les clivages partis du pouvoir/partis d'opposition, sachant que les élections n'ont jamais été libres et transparentes (...) Notre démarche n'a rien à voir avec les périodes de transition parrainées de l'intérieur ou de l'extérieur car toutes les périodes de transition ont besoin de parrainage. Pour nous, l'élément essentiel reste le peuple (...). À vrai dire, tout parti politique a ses priorités, et nous, on a les nôtres." Karim Kebir