C'est une intégration politique, organique et organisationnelle que le FLN propose, a estimé Louisa Hanoune. Louisa Hanoune et Amar Saâdani ne passeront certainement pas les vacances ensemble. Non seulement, la secrétaire générale du PT reproche au patron du FLN de s'ériger en tuteur du président de la République, mais rejette aussi son initiative de création d'un large front de soutien au programme du président de la République. Jeudi au siège du parti à Alger, Louisa Hanoune a indiqué avoir reçu un courrier de la part d'Amar Saâdani révélant, au passage, les contours de ce que devrait être ce front, aux yeux de ses initiateurs. "Je ne peux pas signer ou rejoindre une initiative contraire à la vision du parti", a-t-elle expliqué lors d'une allocution à l'ouverture de la session ordinaire du bureau politique du parti. "C'est une intégration politique, organique et organisationnelle", a-t-elle estimé, suggérant que le FLN cherche, à travers sa démarche, à "absorber" le parti. "Je ne peux pas hypothéquer l'indépendance du parti", a-t-elle assuré. Ce rejet, du reste prévisible, intervient dans un contexte où Louisa Hanoune est engagée dans une démarche, avec d'autres personnalités nationales, demandant au président de la République une audience, entreprise qu'Amar Saâdani et Ahmed Ouyahia, relayés par une télévision mercenaire, pour reprendre une expression de l'ex-ministre Khalida Toumi, ont vilipendée avec une rare violence. Mais Louisa Hanoune, tout comme Mme Zhor Bitat, ou Lakhdar Bouregaâ, comme ils l'avaient affirmé quelques jours auparavant, ne sont pas prêts à renoncer à leur démarche. "Nous sommes déterminés à poursuivre notre démarche", soutient Hanoune en dépit des pressions exercées par le "pouvoir mafieux" contre certains signataires. "Comme l'insulte n'a pas suffi, le pouvoir mafieux et occulte a recouru à la pression", a-t-elle dit pour justifier le retrait de certains signataires. Selon elle, la lettre adressée au Président, mais dont elle doute qu'elle soit parvenue à son destinataire, a provoqué "la panique" à l'intérieur du sérail. "On a rendu publique la lettre car il y a dysfonctionnement dans les institutions et les canaux officiels sont obstrués", dit-elle. "Il est facile d'insulter que de construire (...) la lettre est inattaquable." Pour elle, Ahmed Ouyahia et Amar Saâdani se sont érigés en tuteurs du président de la République. "C'est strictement interdit de détourner les prérogatives du Président (...). On connaît le Président, il veut concentrer tous les pouvoirs entre ses mains. Ils ont dépassé toutes les limites avec ces dérives, surtout ces deux-là. Ils se prennent pour l'Etat, le président de la République et le peuple !" Elle a même ironisé sur "l'inculture" de Saâdani et le parcours d'Ouyahia, "un homme qui n'a jamais milité... " L'ex-ministre, Aboudjerra Soltani, qui a critiqué la démarche du groupe des "19-4", en a eu également pour son grade — "Soltani fait une offre de service au Président" —, tout comme le patron du FCE. "On a constaté que le président du FCE a rencontré seul le ministre de l'Energie. Cet entrepreneur est ensuite sorti pour parler seul en son nom et celui du ministre de l'Energie en annonçant une nouvelle orientation en matière d'hydrocarbures." D'ailleurs, selon elle, le projet de loi de finances 2016 porte l'empreinte de cette organisation patronale, un projet "dangereux" en ce qu'il "consacre l'austérité", "la prédation érigée en système" et conduit à la "récession économique". "Il y a un recul des dispositions de souveraineté sur lesquelles le Président avait tranché", a-t-elle relevé. K.K.