Les moyennes minimales d'accès aux filières sciences médicales, architecture, enseignement et informatique oscillent entre 15,40 et 18/20, alors que 67% des bacheliers ont obtenu des moyennes inférieures à 12/20. Le baccalauréat ne vaut pas grand-chose s'il n'ouvre pas droit aux études supérieures souhaitées par le lauréat. C'est une réalité à laquelle sont confrontés, aussi, les lauréats de la session de juin 2018. La majorité écrasante, exactement 224 221 personnes (87,81% du nombre global des 276 361 lauréats), a été orientée vers le système LMD (licence, master et doctorat), qui a montré pourtant ses faiblesses. 10 629 lauréats (4,16%) ont été affectés aux sciences médicales (médecine, pharmacie, chirurgie dentaire) et vétérinaires ; 8 569 (3,06%) aux écoles qui prévalent par un recrutement national (ENP, Epau, ESI...) ; 7 176 (2,81%) aux classes préparatoires, 3 402 (1,33%) aux Ecoles nationales de l'enseignement supérieur et enfin 889 (0,35%) aux instituts des sciences et technologies appliquées. Selon le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, qui a animé, hier, une conférence de presse au siège de son département, le premier choix des bacheliers a été respecté à hauteur de 69,51% et la seconde option dans une proportion de 13,73%. Sauf que ces taux sont biaisés à la base, puisque la plupart des nouveaux étudiants universitaires ne pouvaient pas prétendre à certaines filières, car ils n'avaient pas la moyenne minimale d'accès au classement établie à 15/20. À vrai dire, certaines universités et écoles largement convoitées sont devenues carrément inaccessibles, y compris pour les bacheliers qui ont obtenu la mention bien et très bien. Ainsi, l'inscription à l'Ecole nationale supérieure d'informatique (ESI) est réservée aux lauréats du bac mathématiques qui justifient d'une moyenne générale égale ou supérieure à 16,74/20 et aux scientifiques qui ont eu, au bas mot, 18,09/20. L'entrée à l'Ecole nationale polytechnique d'El-Harrach (ENP) est conditionnée par une moyenne minimale de 16,31/20 pour la priorité 1 (mathématiques) et 16,97/20 pour la priorité 2 (scientifiques). Les minima sont fixés à 15,18/20 pour l'Ecole polytechnique d'architecture et d'urbanisme (Epau) ; à 15,67/20 pour les Ecoles supérieures des enseignants ; entre 15,97 (priorité 1) et 16, 93/20 (priorité 3) pour la médecine, entre 15,43 (priorité 1) et 16,36/20 (priorité 3) pour pharmacie et enfin entre 15,62 (priorité 1) et 16,73/20 (priorité 3) pour chirurgie dentaire. Toutes ces minimales sont considérablement relevées d'année en année. La plateforme numérique, utilisée par le ministère de tutelle pour orienter les bacheliers, ne prend en compte que les moyennes générales. Ce qui revient à dire que des lauréats, qui ont décroché d'excellentes notes en maths, physique et sciences, ne peuvent faire architecture ou médecine, car ils ont trébuché dans des matières secondaires comme la philosophie, l'histoire-géographie ou la langue arabe. A contrario, ces filières sont ouvertes à ceux qui ont eu des notes inférieures dans les matières essentielles, mais qui ont cartonné dans celles d'appoint. Hier matin, dès la proclamation des résultats d'affectation, les commentaires ont explosé sur les réseaux sociaux. Beaucoup de jeunes affirment avoir refait le bac jusqu'à quatre fois pour pouvoir s'inscrire dans l'université de leur choix, particulièrement celle des sciences médicales, l'ESI et l'ENP. Ils n'y sont pas parvenus à cause des minima qui grimpent inexorablement à chaque échéance. L'université s'illustre en un chiffre : 1 740 000 étudiants attendus dans les 50 campus universitaires et écoles supérieures à la rentrée universitaire 2018-2019. Combien y resteront jusqu'au bout du cursus et combien exerceront réellement le métier qui correspond à leurs aptitudes intellectuelles ? C'est la grande inconnue. Souhila H.